L'attaquant de Mulhouse en France : un migrant algérien que l'Algérie a refusé de réadmettre    Le Jardin Royal du Maroc au Japon : un symbole de culture et de liens profonds entre les deux pays    SeaLead lance un nouveau service maritime pour renforcer les échanges commerciaux entre le Maroc, la Turquie et la côte américaine    Le choix du Maroc comme pays à l'honneur du SIA témoigne de la qualité de la coopération bilatérale (ministre française de l'Agriculture)    L'écrivain Boualem Sansal entame une grève de la faim illimitée pour protester contre son emprisonnement en Algérie... Des appels à sa libération immédiate    Le Caire : Ouverture du 7e Congrès du parlement arabe et des présidents des assemblées et parlements arabes avec la participation du Maroc    Groupe TGCC. Mohamed Bouzoubaâ, l'ascension fulgurante d'un bâtisseur vers le sommet du BTP marocain    Législatives allemandes : Les conservateurs triomphent, l'extrême droite à l'affut    Egypte. Don des héritiers de Cheikh Abdullah Al-Mubarak Al-Sabah à l'hôpital « Ahl Masr »    Le Maroc et l'Argentine sont des « partenaires naturels », selon l'ancien ambassadeur argentin    Congrès des présidents des assemblées et parlements arabes : Adoption d'un plan d'action en faveur de la résilience des Palestiniens    L'initiative "Poisson à prix raisonnable" prévoit plus de 4.000 tonnes    Benguérir : "Science Week 2025" explore les défis scientifiques majeurs de l'avenir    Mohammedia. Brahim Mojahid décroche un marché de voirie de plus de 173 millions de DH    Global Soft Power Index : Le Maroc se maintient parmi les 50 pays les plus influents au monde    ICESCO : nouveaux horaires de visite de l'exposition et du musée de la Sîrah du Prophète durant le mois de Ramadan    La visite du Président du Sénat français au Maroc    Miloudi Moukharik reconduit à la tête de l'UMT pour un 4ème mandat    Gérard Larcher en visite au Maroc : le Sahara au cœur du programme    La lutte contre le fentanyl et l'Ukraine au centre d'un entretien téléphonique Trudeau-Trump    France : Un mort et cinq blessés dans une attaque au couteau à Mulhouse, l'assaillant interpellé    S.M. le Roi félicite le Serviteur des Lieux Saints de l'Islam à l'occasion du Jour de la Fondation    Liga: le Barça s'impose à Las Palmas et se maintient en tête du classement    Botola : Programme et résultats de la 22e journée    Botola : Le classico AS FAR-Raja Casablanca en tête d'affiche    Afrobasket 25: Le Mali bat le Soudan du Sud et élimine le Maroc !    Botola D1: Le Wydad sans solutions face aux deux "bus" du CODM!    Botola D1: Le MAT renversé par le DHJ !    Casablanca : arrestation d'un Français recherché par Interpol pour trafic de drogue    Casablanca: Interpellation d'un Français d'origine algérienne faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international (source sécuritaire)    Tanger Med: Mise en échec d'une tentative de trafic de 1.852 unités de pétards et de feux d'artifice    MAGAZINE : Booder, l'autodérision comme point nodal    L'Algérie utilise une image du Ksar Aït Ben Haddou dans une vidéo officielle    Le Festival International du Film de Dublin 2025 rend hommage au cinéma marocain    Netflix va investir 1 milliard de dollars au Mexique lors des quatre prochaines années    Hommage à l'explorateur marocain Estevanico à New York    Etats-Unis : Le Caucus des accords d'Abraham s'intéresse à l'éducation au Maroc et au Moyen orient    Espagne: Consulat mobile en faveur de la communauté marocaine de Toledo    Diaspo #377 : Ilias Ennahachi, un multi-champion de kickboxing aux Pays-Bas    Marrakech : Le Complexe sportif Sidi Youssef Ben Ali rénové et livré    Morocco's Govt. Head inaugurates Kingdom's pavilion at Paris International Agricultural Show    À Témara, cinq enfants périssent dans l'incendie d'une habitation après l'explosion d'une bonbonne de gaz    Moroccan rapper «Hliwa» is facing charges over a social media post on President Macron    CasaTourat, la nouvelle application destinée à faire découvrir le patrimoine de la ville    L'Algérie reprend secrètement ses livraisons de pétrole brut à Cuba    Salon International de l'Agriculture de Paris : Akhannouch aux côtés de Macron à l'inauguration officielle    La signature marocaine, référence internationale de la légitimité de la diversité et de l'altérité (André Azoulay)    L'Humeur : Quand le CCM se ligue contre les festivals    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



MAGAZINE : Nour-Eddine Saïl, un hommage en contreplongée
Publié dans L'opinion le 22 - 12 - 2024

Le 15 décembre, date de sa disparition en 2020 à 73 ans, Nour-Eddine Saïl a été célébré au CinéAtlas à Rabat par un parterre de personnalités, d'amis, de journalistes, de critiques et d'adeptes. Sous la baguette de sa veuve Nadia Larguet et son fils Souleimane, le fin intellectuel est apparu comme un mortel vivant. Témoignages, projection du court métrage « L'Ecran noir » et annonce de la réédition de l'étrange roman « L'Ombre du chroniqueur » ont rythmé cet après-midi dominical. Retour sur un parcours, une réédition.
Philosophe, écrivain, critique, cinéaste, penseur, agitateur, homme de culture(s)..., Nour-Eddine Saïl scintillait dans l'immensité. Avec sa disparition, ce n'est pas une lumière qui s'est éteinte il y a quatre ans mais un disjoncteur qui a pris feu. Ses multiples éclairages éblouissaient même ceux qui le dénigraient jusqu'à le craindre... par aveuglement.
Né en 1947, c'est à Tanger que le petit Nour-Eddine écarquille les yeux. Bac en poche, il est téléporté à Rabat où il s'empare d'un DES en philosophie à la faculté des Lettres. Il enseigne ensuite cette matière au lycée Moulay Youssef où il diffuse systématiquement des films à ses étudiants à qui il impose débats après projections. Au milieu des années 1970, il est propulsé inspecteur général de philosophie du royaume.
Entre-temps, sa cinéphilie grandissante le pousse à la création de la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc qu'il dirige pendant plusieurs années avec le concours militant de la frange gauchisante du pays, institution dans le viseur des services. Boulimique incontrôlable, Nour-Eddine crée en 1977 les Rencontres des cinémas africains de Khouribga qui reçoivent plus tard le statut de fondation. Son irruption dominicale en 1979 sur les ondes de RTM-Chaîne Inter fait de lui le philosophe de la cinématographie racontée au lambda. L'émission « Ecran noir », agrémentée d'un générique emprunté à la chanson « Cinéma » de Claude Nougaro sur une composition de Michel Legrand, fait de Nour-Eddine la voie incontournable pour la compréhension d'un art visuel.
Pendant les fraîches années de la décennie suivante, l'Etat décrète la fin de la récréation de l'éducation philosophique et sociologique dans le pays. Ecœuré, Saïl rend le tablier à son ministère de tutelle. En 1984, le voici nommé directeur des programmes au sein de la TVM en gratifiant, au passage, le téléspectateur marocain d'une programmation cinéma inédite. Deux années plus tard, il fait partie en léger différé de l'opération de prestige « Ca bouge à la télé » voulue par Hassan II, pilotée par l'entrepreneur français André Paccard et le dramaturge Tayeb Saddiki. Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur Driss Basri hérite du portefeuille de l'Information. La débandade est alors sans nom. Si Nour-Eddine Saïl, à l'instar d'autres, n'est plus dans les parages, il est sur d'autres rivages.

Raisons d'éthique
L'homme qui écrit en 1989 le roman « L'Ombre du chroniqueur » en donnant congé à la lettre A, est tout sauf un démissionnaire. Le cinéma est dans ses entrailles. Il s'y emploie sans retenue, le nourrit pour les siens, pour les Africains qui le vénèrent à Ouagadougou entre autres, le respectent à travers le monde. L'ancien critique des publications « Maghreb Information », « Caméra 3 » qu'il lance, du magazine français « Les Cahiers du cinéma » où il croise son futur ami Serge Toubiana ne cesse de donner, d'être célébré, de se réinventer. Au lendemain de la naissance de la deuxième chaîne de télévision marocaine dite 2M International, son président Fouad Filali, alors gendre de Hassan II et patron de l'ONA (Omnium Nord-Africain) holding royale, fait appel à Nour-Eddine en tant que conseiller pour le développement de sa télévision. Pour des raisons d'éthique, il quitte rapidement le navire et nage vers Paris où l'attend feu Serge Adda, patron de Canal Horizons. Il lui offre le siège de directeur des achats de programmes et ensuite celui de directeur général des programmes et de l'antenne. Sur Canal + France, Saïl installe une capsule traitant de philosophie.

Refondation de la production
En 2000, un séisme « éditorial » secoue la direction de 2M, renvoyant chez-eux le directeur général Larbi Belarbi et ses proches collaborateurs. Le ministre de la Communication de l'époque, Larbi Messari, nomme Nour-Eddine Saïl patron de la chaîne. L'agitateur crée rapidement une matinale d'information qui fait long feu, met en place un comité pour l'octroi d'aide à la production de téléfilms et met sur pied Radio 2M. L'homme est remercié trois années plus tard après avoir rencontré sa future femme Nadia Larguet et hérite in extremis du poste de directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM) où sa trace est à ce jour indélébile. Il y refond l'aide à la production, y instaure la production de trois courts métrages pour l'acquisition de la carte professionnelle, y met fin à l'informel et passe la production nationale de cinq films par an à vingt-cinq. Pendant son règne à la tête du CCM, Saïl est nommé vice-président délégué de la Fondation du Festival international du film de Marrakech et décide d'installer dans sa ville (Tanger) l'ancien itinérant festival national du film. 2014, année de la désillusion. Nour-Eddine est débarqué par le décontenançant ministre PJDiste de la communication Mohamed Khalfi au profit d'un appel à candidature qui mène aux commandes Sarim El Haq Fassi Fihri.
Depuis, le multi linguiste Saïl est sur plusieurs fronts. Trésorier du réseau international pour la diffusion du cinéma européen dit Europa Cinemas, il est conseiller de plusieurs festivals internationaux et œuvre pour la transmission. Au Maroc, il répond présent à toutes les manifestations qu'il juge bonnes à accompagner. Il y a quelques mois, il dit à un parterre d'étudiants casablancais : « Si vous voulez déflorer ce métier, maîtrisez au moins trois langues. Quatre, c'est mieux. » L'homme à l'humour acerbe et à la franchise déconcertante ose ce qui l'intéresse avec le regard d'un vieux moderniste : « Nous marchons à reculons. Dans les années 1970, les ciné-clubs étaient notre raison d'exister en tant qu'agitateurs culturels. Tout passait par les films. Lorsqu'une copie arrivait, elle faisait dix projections dans autant de villes. Un record ! Elle voyageait au rythme de nos moyens et cela donnait lieu à des débats passionnés », raconte, il y a moins de deux ans, le passionné devant un parterre de nouveaux responsables de ciné-clubs marocains. Au contact de ce troublant érudit, on a droit à son émancipation intellectuelle, agrémentée par à-coups de citations de Kubrick, Spinoza, Eco, Nietzche, Morin ou Godard. Pourquoi faire simple lorsqu'on peut allègrement faire compliqué.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.