Les médias algériens et du Polisario ont largement médiatisé, ces derniers jours, l'adhésion du Front au Conseil mondial de la paix (CMP), qui ouvrirait «de larges perspectives» en mouvement séparatiste. En réalité, ce conseil n'est qu'un organe sans aucune influence diplomatique. Au vu de leurs défaites diplomatiques successives sur la scène internationale, l'Algérie et le Front Polisario tentent de promouvoir des victoires imaginaires. Ces derniers jours, leurs médias ont ainsi relayé des informations faisant état de l'approbation, «à l'unanimité», de l'adhésion du Front Polisario au Conseil mondial de la paix (CMP). Ainsi, dans une dépêche citant l'agence du Polisario, qui évoque elle-même un «communiqué du CMP», l'agence Algérie presse service (APS) a indiqué que ledit conseil a «réitéré son engagement en faveur du droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination». Relayé par la presse algérienne et du Polisario, le communiqué ajoute que le CMP a «regretté le fait que le Sahara occidental demeure la dernière colonie d'Afrique ce qui est contraire à la tendance actuelle qui est la réalisation de l'émancipation, de l'indépendance, de l'autodétermination et de la souveraineté nationales, réaffirmant son soutien au droit du peuple sahraoui à déterminer son destin par l'organisation d'un référendum libre et équitable sous les auspices de l'ONU». «Une activité politique influente» Selon la même source, ledit conseil a rappelé, durant son événement tenu à Hanoï, au Vietnam, «le statut de RASD au sein de l'Union africaine (UA) en tant que membre fondateur et ses relations diplomatiques au niveau international», tout en déplorant «les violations des droits humains du peuple sahraoui par le régime d'occupation» et en appelant à «la libération immédiate de tous les prisonniers politiques sahraouis des prisons marocaines». Les mêmes sources ont estimé que l'élection du Polisario en tant que membre du Comité exécutif du Conseil «ouvre de larges champs d'action dans de nombreux pays afin d'élargir à l'avenir la solidarité avec la question sahraouie». Elles ont aussi cité Mohamed Fadel Bulahi, membre du Polisario et son «représentant» auprès dudit conseil, qui a affirmé que «l'adhésion de la RASD au Conseil mondial de la paix (CMP) émane de l'engagement du peuple sahraoui aux côtés des forces éprises de paix mondiale et d'une contribution active et responsable à la concrétisation des aspirations communes des peuples du monde». L'APS affirme que le Conseil exerce «une activité politique influente et significative à travers des conférences et des séminaires réguliers et extraordinaires en plus des activités du comité exécutif», ajoutant qu'il comprend «un grand nombre d'universitaires, d'écrivains et d'hommes politiques distingués, des personnalités culturelles, scientifiques et sociales dans divers pays du monde, ce qui lui a conféré un prestige et un poids mondiaux». Un conseil vivant au temps de la guerre froide Cependant, contrairement à ce qu'a indiqué l'agence de presse algérienne, le conseil mondial de la paix, qui indique sur son site Internet que son siège est situé dans la capitale grecque Athènes, n'a aucune influence diplomatique. L'instance n'a même pas organisé d'élections pour renouveler son comité exécutif depuis juillet 2012. Le CMP précise également que c'est la Brésilienne Maria do Socorro Gomes, du «Centre brésilien de solidarité avec les peuples et de lutte pour la paix» qui le préside. Sur son site, il est clair qu'il s'agit d'un rassemblement de militants de l'extrême gauche, qui promeut des slogans datant de l'époque de la guerre froide, tels que «l'anti-impérialisme», «la solidarité avec les peuples et les mouvements de libération», «le démantèlement de toutes les bases militaires et le retrait des forces étrangères» et «l'élimination de toutes les formes de colonialisme du néo-colonialisme». Le Conseil consacre des rapports et des articles sur son site à la défense des pays de gauche comme le Venezuela et Cuba, à la défense de l'Iran. Il accuse d'ailleurs l'Occident de vouloir «déstabiliser» ce pays, et ne se prive pas de soutenir le régime syrien et les revendications chinoises à Taïwan. Le CMP se prononce également contre l'OTAN, les Etats-Unis d'Amérique et l'Union européenne.