Avec cette validation, le Royaume se dote enfin d'un cadre législatif définitif pour l'exercice du droit de grève, attendu depuis plus de six décennies. Décrié par les syndicats, qui le jugent trop restrictif, le projet de loi a été adopté par les deux Chambres du Parlement avant d'être soumis au contrôle de constitutionnalité. C'est une décision attendue depuis des décennies qui est finalement tombée. La Cour constitutionnelle a donné son feu vert à la loi organique n° 97-15, encadrant l'exercice du droit de grève au Maroc. Après plusieurs mois de débats, et alors que la loi avait déjà été adoptée par le Parlement, cette validation marque un tournant dans la régulation du droit de grève dans le royaume. Mais au-delà de la simple conformité juridique, la question centrale reste : cette nouvelle législation parviendra-t-elle à trouver un équilibre juste entre les aspirations des travailleurs et les impératifs des employeurs ? Un texte conforme à la constitution Dans son verdict, la Cour a confirmé que la loi respectait tant la forme que le fond de la Constitution, conformément aux principes inscrits dans l'article 6 et 29. Un soulagement pour le gouvernement et les syndicats qui attendaient une validation formelle, mais aussi un signe que ce texte, aussi longtemps réclamé par les organisations syndicales, s'inscrit dans une dynamique de réforme sociale.La Cour, après examen, a estimé qu'aucune disposition du texte ne contrevenait à la Constitution. L'objectif affiché de cette loi est de concilier le droit de grève, consacré par l'article 29 de la Constitution, avec les exigences du monde du travail et la stabilité économique. La Cour a ainsi rappelé que le texte s'inscrit dans une logique d'équilibre entre les libertés syndicales et les intérêts des employeurs et de la nation. Cependant, bien que la Cour ait validé l'essentiel du texte, elle a tout de même formulé quelques réserves sur des points techniques, en particulier sur les articles 1, 5 et 12, qui devront être affinés. Ces observations ne remettent pas en cause le fond du projet, mais elles soulignent les tensions sous-jacentes entre les parties prenantes. Les garanties constitutionnelles maintenues La Cour a précisé que la loi ne modifie en rien les principes fondamentaux du droit de grève, mais en précise simplement les modalités d'application. Elle a notamment souligné que les références aux conventions internationales et aux principes de la Constitution ne peuvent être interprétées comme une restriction de ce droit. En délimitant le cadre légal de la grève et en clarifiant les règles encadrant son déclenchement, cette loi vise à apporter plus de sécurité juridique aux employeurs et aux travailleurs.