L'Education et la Santé sont indéniablement les secteurs où le gouvernement est le plus attendu, au-delà des questions conjoncturelles comme la flambée des prix. Si la réforme de l'école publique piétine malgré moult initiatives gouvernementales, celle de la Santé a avait connu une bonne dynamique - depuis l'époque d'Aït Taleb, ministre de tutelle éjecté du gouvernement Akhannouch II- avant de marquer un certain ralentissement. Mardi dernier, lors d'une réunion consacrée au suivi du chantier de promotion du système de santé, le chef du gouvernement a tiré la sonnette d'alarme rappelant l'importance d'agir avec « diligence et efficience » pour finaliser cette réforme, très attendue par la population, dans les délais impartis, soit d'ici un an et demi. Adossée au vaste projet de l'Etat social, cette réforme dispose pourtant de moyens financiers considérables, à l'image des 32,6 milliards de dirhams alloués au ministère de la Santé pour 2025. Des fonds qui commencent d'ores et déjà à se traduire concrètement sur le terrain, avec le lancement de grandes infrastructures, notamment dans les principales villes du Royaume. Mais bien que le développement des infrastructures soit louable, il ne saurait à lui seul garantir le succès de cette refonte, du fait que la réforme ne se limite pas à l'augmentation des capacités litières ou à l'acquisition de nouveaux scanners pour nos hôpitaux. Elle passe d'abord par une cartographie précise des structures sanitaires existantes, recensant les déficiences propres à chaque établissement, en particulier dans les zones rurales et reculées. L'idée serait d'éviter des scandales tels que celui de l'hôpital de Driouch en 2023, qui souffrait de l'anarchie dans les circuits de consultation, du manque de ressources humaines et d'équipements. Elle exige également une coordination efficace et dépourvue de tout calcul électoraliste entre les syndicats professionnels, les ministères concernés et la primature, dont les visions sur le mode opératoire de la réforme ne convergent pas toujours. Ceci sans oublier que l'une des pierres d'achoppement majeures demeure la question cruciale des ressources humaines. L'objectif affiché est d'atteindre 24 professionnels de santé pour 10.000 habitants d'ici la fin de l'année, mais la réalité est tout autre, en raison de l'exode des médecins vers le secteur privé. Ce constat n'a pourtant rien de nouveau, comme en témoignent les grèves répétées des professionnels de la Santé publique, qui durent depuis plus d'un an. C'est dire que les infrastructures sont les bienvenues, mais ce sont là les vrais facteurs qui pèsent lourdement sur l'avancement de la réforme. Il est donc grand temps de débloquer ces dossiers qui s'enlisent dans les tiroirs du Parlement.