Au Conseil de sécurité, le Kenya ne s'est pas contenté de s'abstenir lors du vote, ce jeudi, de la résolution 2654. Le pays dirigé par William Ruto s'est fait l'avocat des positions du Polisario. La page du tweet annonçant le retrait de la reconnaissance du Kenya de la «RASD» est-elle définitivement tournée? Si le Kenya avait lâché, en octobre 2021 au Conseil de sécurité, l'Algérie et le Polisario et votait en faveur de la résolution 2606, le pays du président William Ruto a eu, cette année, l'occasion de se rattraper. En effet, l'abstention du Kenya, ce jeudi, à l'instance exécutive de l'ONU apporte des eaux aux moulins de l'Algérie et du Polisario. Dans son intervention, le représentant kenyan auprès des Nations unies est revenu un peu en arrière pour expliquer le vote, le 29 octobre 2021, de son pays en faveur de la résolution 2602 par l'espoir de voir «les parties engager l'Envoyé personnel d'une manière à rendre à la MINURSO son objectif principal, à savoir: l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». «Malheureusement, les progrès ont été limités. Cette résolution (2654) n'aidera pas les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable telle que prévue à l'origine», a-t-il souligné. Et de déplorer que «les propositions constructives» faite par sa délégation lors de l'examen du texte rédigé par les Etats-Unis «n'ont pas été prises en compte». Le Kenya se fait l'avocat du Polisario «Nous sommes préoccupés par cette résolution» parce qu'elle ne reflète pas «l'engagement du Conseil de sécurité -tel qu'il est précisé dans la résolution 2602 et les résolutions précédentes- visant à assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies», a-t-il affirmé. Le diplomate a enchainé par un plaidoyer en faveur de l'«autodétermination du peuple sahraoui», appelant à la mise en œuvre de l'article 20 de la Charte des Nations unies qui stipule que «tous les peuples ont le droit incontestable et inaliénable à l'autodétermination». Le représentant du Kenya s'est aussi fait l'avocat de l'Union africaine, sachant que contrairement à son prédécesseur, Staffan de Mistura évite de rencontrer, du moins publiquement, les représentants de l'UA. «Nous observons en outre que l'Union africaine, qui compte les deux parties comme ses membres, ne devrait être ignorée par aucun processus de l'ONU. L'Envoyé personnel doit tout mettre en œuvre pour coopérer avec l'Union africaine pour trouver des moyens d'amener toutes les parties vers une position commune visant la protection de la paix, de la sécurité et de la tenue du référendum convenu». Le représentant du Kenya auprès des Nations unies Après avoir ardemment défendu les positions du Polisario, l'ambassadeur du Kenya a estimé que son pays «entretient de chaleureux liens d'amitié avec le Maroc et le Sahara occidental». «Nous aspirons à renforcer davantage ces liens par la coopération sur des questions d'intérêt commun aux niveaux bilatéral et multilatéral», ajoute-t-il. Et de conclure par réaffirmer l'engagement du Kenya de «tout mettre en œuvre pour aider les parties à trouver une solution juste, durable, une solution politique mutuellement acceptable, basée sur le compromis» mais sans oublier «le parachèvement longtemps retardé de l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l'autodétermination». Kenya has voted to abstain on the resolution renewing the mandate for the UN Mission for the Referendum in Western Sahara (MINURSO). We do so in adherence to the UN mandate for #MINURSO and the position of the @_AfricanUnion. Full Explanation of Vote????https://t.co/pjnGKLwJTn pic.twitter.com/TTmrog0bmT — Permanent Mission of Kenya to the UN ?? ?? (@KenyaMissionUN) October 27, 2022 Pour rappel, un mois après avoir effacé son tweet dans lequel il avait annoncé le retrait de la reconnaissance de la «RASD», le président William Ruto a reçu, le 13 octobre, «l'ambassadeur» du Polisario, qui est venu lui rendre une visite d'adieu. Lors de la réunion, le chef de l'Etat «a reconnu la coopération entre le Kenya et les Sahraouis et s'est engagé à intensifier le partenariat dans la pêche, l'exploitation minière, l'agriculture et le tourisme».