Les racines du "Nouvel An chinois" remontent à l'Antiquité, où il était représenté dans les textes oraculaires chinois appelés "jiaoguan", sous la forme d'un homme portant des épis de blé dans ses mains, rentrant chez lui. Cette représentation symbolise une célébration traditionnelle liée à la vie agricole, où le Nouvel An dans la culture chinoise était associé à la période des récoltes après l'automne. Selon le dictionnaire "Mots et significations" (Shuón Jié Zì) datant de 121 après J.-C., le Nouvel An chinois était lié à la récolte des céréales, ce qui reflète le lien de cette fête avec le calendrier des agriculteurs. Dans les temps anciens, le Nouvel An chinois n'était pas célébré au premier mois de l'année, comme c'est le cas aujourd'hui, mais plutôt au dixième mois, après la saison des récoltes. Cette période était connue sous le nom de "calendrier du dixième mois" avant la dynastie Qin. Bien que le calendrier ait changé plus tard, certaines minorités chinoises, comme les ethnies Miao et Dong Yi, continuent de célébrer le Nouvel An à cette époque, en signe de continuité des traditions anciennes. Au fil des siècles, de nombreuses fêtes chinoises ont été associées à des concepts étranges ou "maléfiques", ce qui a poussé les gens à inventer des rituels pour éloigner les esprits malins. Par exemple, lors du festival des bateaux-dragons, les rituels visaient à chasser le dieu de la peste des villes, ce qui a conduit à l'invention des courses de bateaux comme partie des célébrations. À l'occasion de la fête du "Double-Neuf" (Chong Yang), il était courant que les gens se cachent dans les montagnes pour éviter les catastrophes potentielles, ce qui a fait de l'escalade des montagnes une partie des rituels de cette journée. Bien que de nombreuses fêtes chinoises aient été considérées comme des jours maléfiques à l'origine, des rituels ont été créés pour repousser les mauvais esprits et réduire les catastrophes, et ces célébrations ont pris une dimension religieuse profonde. Le "Nouvel An chinois" faisait partie de ces jours associés à des commencements difficiles. Au début, la veille du Nouvel An était considérée comme un "passage du cap de l'année", où les gens devaient régler leurs comptes avant la fin de l'année lunaire. Certains considéraient cette période comme un moment difficile pour régler les dettes, notamment pour ceux qui avaient des prêts ou des loyers impayés. Avec l'évolution des coutumes, le Nouvel An chinois est désormais célébré lors de la veille du Nouvel An, et il se distingue des autres fêtes par le fait qu'il est célébré la nuit. Selon la légende, un monstre appelé "Nian" descendait des montagnes pour attaquer les gens lors de la veille du Nouvel An. Pour repousser ce monstre, un sage découvrit que "Nian" avait peur du feu, du bruit et des couleurs rouges. Ainsi, les gens commencèrent à décorer leurs maisons avec des lanternes et à suspendre des images et des talismans aux portes et fenêtres pour repousser ce monstre maléfique. Les anciennes traditions chinoises stipulaient également que toute la famille devait se réunir cette nuit-là pour partager le dîner du Nouvel An ensemble, peu importe où les membres de la famille résidaient. Cela était considéré comme essentiel pour franchir le "cap du Nouvel An" en toute sécurité, car il était cru que cette réunion familiale renforçait les liens familiaux et protégeait des malheurs. À minuit, au moment du passage entre l'année ancienne et la nouvelle, les gens mangent des raviolis fourrés (jiaozi) et lancent des feux d'artifice pour célébrer le Nouvel An. Cet événement représente un rituel spécial pour saluer la nouvelle année et dire adieu à l'année écoulée. Bien que l'année compte 365 jours, les fêtes traditionnelles chinoises continuent de jouer un rôle prééminent, car elles représentent bien plus que des occasions de célébration ; elles sont des piliers fondamentaux de l'identité culturelle chinoise. En période de crises économiques ou de guerres, les fêtes traditionnelles ont servi à protéger les arts culinaires chinois de l'extinction et à garantir la pérennité des métiers manuels et des arts culturels. Au fil du temps, ces fêtes continuent de faire partie intégrante de la mémoire nationale chinoise, reflétant ainsi la capacité du peuple à préserver ses valeurs et croyances spirituelles à travers les générations.