Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du budget, a exprimé son indignation face aux marges exorbitantes appliquées sur les prix des médicaments au Maroc qui peuvent atteindre jusqu'à 300 % dans les pharmacies. Lors d'une journée d'étude organisée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM, patronat) sur les nouveautés de la loi de finances 2025, jeudi 23 janvier, il a déclaré qu'"il n'y a aucun problème à ce que les importateurs de médicaments réalisent une marge bénéficiaire de 10 %, mais voir les prix grimper de manière injustifiée pour atteindre des niveaux aussi élevés est inacceptable." M. Lekjaa a souligné que les médicaments représentent un poids considérable pour les systèmes de protection sociale à travers le monde. Il a également rappelé les avancées réalisées par les autorités marocaines dans la réforme du secteur malgré des retards liés à des changements institutionnels récents, tels que la création de l'Agence nationale des médicaments (ANM). Le ministre a annoncé, par la même occasion, «la reprise imminente des discussions sur le sujet des médicaments avec des objectifs clairs et précis.» Il a insisté sur le fait que la production nationale de médicaments «doit rester authentique et ne pas se limiter à des activités d'importation sous prétexte de perspectives commerciales, notamment depuis des pays comme l'Egypte.» Tout en reconnaissant que les importateurs peuvent légitimement négocier des médicaments et obtenir une marge raisonnable, M. Lekjaa a condamné les écarts colossaux entre les prix déclarés en douane et les prix pratiqués dans les pharmacies. Selon lui, «de tels abus sapent l'objectif d'un accès équitable aux médicaments pour les citoyens.» Le ministre a également évoqué des cas où des médicaments au Maroc «sont vendus à des prix trois ou quatre fois supérieurs à leurs équivalents sur les marchés internationaux.» Il a insisté «sur la nécessité d'aligner les prix des médicaments produits localement sur les standards mondiaux tout en mettant en garde contre l'utilisation de situations de monopole pour imposer des prix injustifiés.» Au sujet de la production nationale, M. Lekjaa a exhorté à investir plus dans l'industrie pharmaceutique locale afin de réduire la dépendance aux importations. Il a toutefois reconnu que certains médicaments, impossibles à produire localement à court terme, «devront continuer à être importés pour assurer la disponibilité et la compétitivité.» Cependant, il a fermement plaidé pour protéger l'industrie locale, appelant à empêcher toute dérive qui favoriserait l'importation au détriment des efforts des entreprises marocaines. Enfin, M. Lekjaa a dénoncé le fait que certains médicaments, bien qu'importés à des prix bas, «sont revendus au Maroc à des tarifs nettement plus élevés que leur valeur initiale, créant ainsi un fardeau insupportable pour les citoyens et le système de santé.»