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Des entreprises achètent des médicaments à dix dirhams et les revendent aux Marocains à 80 dirhams : Fouzi Lekjâa critique la dérive du secteur pharmaceutique
Lors d'une session parlementaire consacrée à l'examen du projet de loi de finances 2025, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du budget, a sévèrement dénoncé les pratiques spéculatives et monopolistiques de certaines entreprises pharmaceutiques opérant au Maroc. Il a révélé que ces entreprises appliquent des marges injustifiables sur les médicaments entraînant des prix jusqu'à cinq fois supérieurs à ceux pratiqués dans des pays comparables. Des marges exorbitantes dénoncées M. Lekjaâ a cité, lors de son exposé un exemple frappant : un médicament importé au Maroc à seulement six dirhams est revendu aux citoyens marocains à un prix atteignant 80 dirhams, soit une augmentation de 700 %. Il a également mentionné le cas d'un médicament spécifique, vendu vingt fois plus cher au Maroc qu'en France, soulignant que le même produit y est disponible pour un prix inférieur à 4 euros (environ 40 dirhams). «Ces écarts aberrants soulèvent des questions sur les mécanismes de contrôle et de régulation des prix au Maroc», avait déjà pointé Rachid Hamouni du PPS. Un secteur sous monopole ? Selon le ministre, cette situation «découle en grande partie d'une absence de concurrence effective dans le secteur pharmaceutique marocain où certaines entreprises dominent le marché sans restriction, imposant des tarifs injustes aux consommateurs.» Il a qualifié ces pratiques de «monopolistiques» et «non conformes à l'éthique», mettant en cause des marges inacceptables «particulièrement dans un contexte où les dépenses de santé des ménages marocains restent parmi les plus élevées de la région», selon l'ONG hollandaise HAI. Un système de santé sous pression D'après les dernières données disponibles, «environ 50 % des Marocains financent leurs soins de santé directement de leur poche en raison d'un taux de couverture médicale effective qui s'étend lentement et d'un accès limité aux médicaments génériques.» La pression financière exercée par ces pratiques sur les citoyens les plus modestes «est considérable sachant que le salaire minimum (SMIG) au Maroc s'élève à environ 2 800 dirhams par mois rendant ces prix inaccessibles pour une large frange de la population», pointe HAI. Des réformes urgentes annoncées M. Lekjaâ a affirmé que plusieurs réformes seront mises en œuvre, parmi lesquelles la fixation de plafonds pour les marges bénéficiaires, la réduction des droits de douane sur certains médicaments essentiels et l'introduction de mécanismes de surveillance pour aligner les prix nationaux sur ceux pratiqués à l'échelle internationale. En outre, le ministre a annoncé un audit des processus de fixation des prix des médicaments qui sera mené en collaboration avec des experts internationaux afin de garantir une transparence totale dans la chaîne d'approvisionnement. Selon lui, la réforme prévoit également un soutien accru à la production locale de médicaments génériques, pour réduire la dépendance aux importations et encourager la concurrence.