Le Conseil de la Concurrence dénonce les « gains injustifiés d'un point de vue concurrentiel » des laboratoires autorisés à effectuer des tests de dépistage du Covid-19. Dans ce contexte, plusieurs décisions ont été prises et des recommandations faites. À la diligence du ministre de l'Economie et des Finances, le Conseil de la Concurrence a indiqué, dans un avis qu'il a rendu public, qu'en raison de l'absence des conditions d'une concurrence effective entre les acteurs du marché des tests de dépistage du Covid-19, du nombre réduit des laboratoires autorisés à effectuer ces tests et en présence de barrières réglementaires ne garantissant pas un accès fluide et équitable aux différents laboratoires privés d'analyses biomédicales, (...) il n'a pas d'objections à ce que des mesures temporaires n'excédant pas six mois soient prises par l'administration, afin de réglementer les prix des tests de dépistage du Covid-19. D'ailleurs, le Conseil estime que la décision d'ouverture conditionnée du marché à l'ensemble des laboratoires du secteur privé, prise le 23 août 2021, est tardive et qu'elle pourrait aussi retarder les effets escomptés de cette ouverture sur la structure de l'offre sur le marché et sur les prix. Pour l'instance nouvellement dirigée par Ahmed Rahhou, la demande du gouvernement de réglementer temporairement les prix des tests de dépistage du Covid-19 demeure justifiée dans le contexte peu concurrentiel actuel du marché, malgré l'ouverture conditionnelle du marché. Néanmoins, le gendarme de la concurrence se réserve le droit, une fois ces mesures temporaires prises par le gouvernement, de suivre étroitement l'état de la concurrence sur ce marché, de l'étudier en profondeur, et de prendre toutes les mesures nécessaires à même d'améliorer son fonctionnement concurrentiel, et ce, conformément aux prérogatives consultatives et contentieuses qui lui sont dévolues par la Constitution et par les lois régissant la concurrence au Maroc. Quant à la fixation du niveau des prix des tests de dépistage du Covid-19, le Conseil estime qu'elle doit d'abord garantir un niveau raisonnable de marge incitatif pour encourager l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché, et permettre ainsi de concurrencer les laboratoires privés déjà opérant sur ce dernier, et ce, en vue de créer une nouvelle dynamique et une pression concurrentielle efficace. Ensuite, la fixation doit veiller à ce que le niveau de prix fixé ne donne pas un avantage concurrentiel aux acteurs déjà actifs sur le marché, du fait que leur présence antérieure sur le marché leur a permis de réduire le coût à travers l'amortissement déjà effectué des équipements acquis. Le Conseil considère également que la fixation du prix de vente au public doit non seulement plafonner la marge bénéficiaire des laboratoires privés d'analyses biomédicales, mais couvrir également par son champ les marges de tous les intervenants au niveau de la chaîne, notamment les producteurs et les importateurs des réactifs et consommables nécessaires à la réalisation des tests Covid-19. Finalement, au sujet de l'élargissement de la base d'offre sur le marché permettant un accès plus équitable aux tests Covid-19, le Conseil considère que la lutte contre cette pandémie nécessite l'adoption d'une approche proactive et préventive privilégiant l'ouverture du marché à de nouveaux entrants en allégeant les conditions d'accès, ce qui permettra une meilleure accessibilité des citoyens aux tests en les mettant à leur disposition à un prix approprié qui s'adapte à leur pouvoir d'achat. Remédier aux dysfonctionnements structuraux Quoique l'industrie pharmaceutique marocaine est un secteur stratégique pour l'économie nationale et pour l'approvisionnement régulier et sécurisé en médicaments, réalisant plus de 800 millions de dirhams par an d'investissement, la pandémie a mis en lumière les dysfonctionnements du secteur. En effet, le rapport annuel du Conseil de la Concurrence, publié récemment, avance que « l'industrie pharmaceutique nationale souffre de plusieurs goulots d'étranglement qui entravent son développement, diminuent le niveau de concurrence entre les laboratoires et privent le Maroc d'exploiter pleinement son potentiel pour devenir un leader dans le domaine du médicament (pays pharmering) en Afrique ». Ainsi, le gendarme de la concurrence a émis des propositions de mesures de réformes, dont l'objectif est de contribuer à changer les conditions de la concurrence sur le marché national du médicament. Ces propositions s'articulent autour de quatre leviers stratégiques essentiels. D'abord, le Conseil propose de bâtir un écosystème national du médicament efficace, porté par une industrie pharmaceutique solide et un système national d'innovation et de formation approprié. Cette mesure vise à « apporter une réponse endogène à la problématique de la sécurisation de l'approvisionnement du marché intérieur en médicaments et en dispositifs médicaux, appropriée en termes de prix et de qualité et en conformité avec les réalités et les priorités épidémiologiques de la population », souligne le rapport. Ensuite, le Conseil présidé par Ahmed Rahhou souligne la nécessité de redéfinir les modalités de régulation du marché du médicament. Il recommande alors d'accélérer la création et la mise en place d'une Agence Nationale de Médicaments et Dispositifs Médicaux indépendante, qui sera chargée de mettre en place un Observatoire National des Produits Médicamenteux et Dispositifs Médicaux et de reconsidérer le statut actuel de l'Agence Nationale de l'Assurance Maladie. La troisième mesure recommandée par le Conseil est de réformer en profondeur le cadre juridique organisant le marché du médicament. Finalement, le rapport souligne l'importance de développer de nouveaux leviers pour améliorer la situation de la concurrence dans le marché des médicaments. Dans ce sens, le Conseil recommande, entre autres, de garantir le droit d'accès des citoyens au médicament (accessibilité physique, géographique et financière), de veiller à la qualité des médicaments dispensés, de rendre l'Autorisation de Mise sur le Marché un outil de concurrence entre les laboratoires, de repenser la problématique du remboursement des médicaments et finalement d'encadrer et contrôler la relation entre le médecin et le laboratoire. Hiba CHAKER
Le prix des tests PCR plafonné à 400 Dhs, l'antigénique à 170 Dhs Après plusieurs mois d'attente et de polémiques, l'Etat a finalement décidé d'intervenir pour réguler les prix des tests PCR, dont les tarifs ont été jugés excessifs par les citoyens. Ainsi, le ministère de l'Economie et des Finances a décidé de plafonner les prix des tests de dépistage à 400 dirhams, a annoncé le département de Mohammed Benchaâboun dans un communiqué. Cette décision a été actée par un arrêt ministériel et devait prendre effet dès le 10 septembre, rappelle la même source. Pour plus de précisions : les tests PCR dans les laboratoires aussi bien privés que publics ne coûteront pas plus de 400 dirhams, à l'exception des tests PCR rapides liés aux variants isothermiques dont les prix sont plafonnés à 600 dirhams. Concernant les tests antigéniques rapides, leur prix est fixé à 170 dirhams tandis que les tarifs des tests sérologiques ne dépassent pas 120 dirhams.