Un consortium allemand a été mandaté pour mener une étude de faisabilité sur la construction d'un tunnel ferroviaire sous-marin reliant le Maroc à l'Espagne, signalant une nouvelle avancée pour ce projet longtemps considéré comme improbable. Si ce tunnel venait à être construit, il s'imposerait comme l'un des plus longs de son genre au monde, facilitant considérablement le transport de marchandises et de passagers entre l'Afrique et l'Union européenne. Une telle infrastructure promet d'accélérer les échanges économiques et culturels tout en réduisant significativement les coûts, croient savoir les autorités espagnoles. Depuis 1980, le Maroc et l'Espagne explorent l'idée d'une liaison fixe entre les deux rives du détroit de Gibraltar. Pont ou tunnel, les options ont été longuement étudiées, mais les défis techniques et financiers ont jusqu'à présent empêché leur concrétisation. Aujourd'hui, toutefois, les deux pays, soutenus par l'Union européenne, affichent une volonté renouvelée de donner corps à ce chantier. Secegsa, entreprise publique espagnole créée en 1981 pour promouvoir ce projet, a confié la réalisation de l'étude de faisabilité à Herrenknecht Iberica, filiale du géant allemand Herrenknecht, spécialiste mondial du creusement de tunnels. «Cette étude vise à évaluer les défis technologiques et logistiques colossaux que pose une telle construction, ainsi qu'à identifier les solutions nécessaires pour les surmonter», a déclaré une porte-parole du groupe allemand. Le tunnel proposé, baptisé Ruta de Umbral, s'étendrait sur 38,5 kilomètres, dont 28 kilomètres sous la mer, à une profondeur variant entre 175 et 475 mètres sous le niveau de la mer. Côté marocain, il déboucherait près du port de Tanger tandis que son terminal espagnol serait situé dans la province de Cadix, dans une zone peu peuplée. «Le détroit de Gibraltar constitue un goulet d'étranglement pour les échanges entre l'Afrique du Nord et l'Europe. Un tunnel permettrait une fluidité accrue pour le transport de fret et de passagers», a souligné la porte-parole d'Herrenknecht, qui s'est dite confiante dans la capacité des équipes à relever ces défis. Conçu selon un modèle similaire au tunnel sous la Manche, le projet comprendrait deux tunnels parallèles à voie unique, sur lesquels circuleraient des trains à grande vitesse transportant passagers et marchandises dans des directions opposées. Les véhicules motorisés, quant à eux, pourraient embarquer à bord des trains, optimisant ainsi la logistique transcontinentale. Si les résultats de l'étude de faisabilité s'avèrent favorables, cette liaison stratégique pourrait marquer une étape majeure dans les relations euro-africaines et constituer un symbole d'unité et de modernité pour la région.