Dans le cadre du plan de redressement, de transformation et de résilience (PRTR) financé par l'Union européenne, la Société Européenne pour la Communication entre l'Europe et l'Afrique à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA) a reçu une enveloppe de 2,3 millions d'euros. Cette société espagnole a pour objectif de mener des études approfondies sur les moyens de communication fixes entre ces deux continents, en évaluant attentivement les systèmes les plus adaptés à cette réalisation. Après avoir été mis en attente pendant une longue période, le projet de construction d'un tunnel sous le détroit reliant le Maroc et l'Espagne a été réactivé lors de la récente réunion de haut niveau entre les deux pays qui s'est tenue le 2 février dernier à Rabat. Deux mois plus tard, lors d'une réunion à Madrid, le président de la SECEGSA, José Luis Goberna Caride, a présenté les récents développements du projet, en tenant compte de la volonté réitérée de Rabat et Madrid de faire progresser la relance et la promotion des études liées à la viabilité de ce projet d'envergure. Le détroit de Gibraltar s'étend sur une distance de 60 kilomètres d'ouest en est et se rétrécit à seulement 14 kilomètres dans sa partie la plus étroite. Il joue un rôle crucial en mettant en contact l'Afrique et l'Europe, l'Océan Atlantique et la Mer Méditerranée. En tant que passage stratégique, une barrière naturelle et une interface d'une qualité exceptionnelle, il revêt une importance géostratégique majeure à l'échelle continentale et mondiale. Les enjeux liés à son contrôle, à la sécurité de la navigation et aux flux d'échanges divers entraînent des rivalités géopolitiques marquées, incarnées notamment par la présence des enclaves de Gibraltar et de Ceuta. Selon des documents de la SECEGSA, le tunnel de Gibraltar, d'une longueur de 42 kilomètres, dont 27,8 kilomètres sous l'eau, aurait pour objectif de permettre le transport de passagers et de marchandises via une ligne ferroviaire. Selon la même source, les points de liaison devraient se situer à Punta Paloma, à Tarifa et Malabata, dans la baie de Tanger. Dans le communiqué conjoint émis à l'issue de la 12ème Réunion de haut niveau entre le Maroc et l'Espagne, tenue les 1er et 2 février à Rabat, les deux parties ont exprimé leur consensus sur la nécessité de promouvoir davantage la connectivité et de faciliter la mobilité entre leurs deux nations. À cet égard, elles se sont félicitées de la signature de mémorandums d'entente dans le domaine des infrastructures et des transports, visant ainsi à renforcer la coopération sectorielle. Selon la SECEGSA, ce tunnel permettrait à moyen terme le transit de plus de 13 millions de tonnes de marchandises et de 12,8 millions de passagers par an. Le détroit de Gibraltar demeure une voie commerciale active, où transitent chaque année 60 000 navires ainsi que 220 millions de tonnes de pétrole en provenance du Moyen-Orient, par l'intermédiaire du canal de Suez ou d'Algérie. Le détroit de Gibraltar, suffisamment large, ne rencontre pas de difficultés de trafic. Les passages sont canalisés par un dispositif de séparation des trafics. Le tunnel de Gibraltar, en tant que projet d'envergure visant à établir une liaison permanente sous le détroit éponyme entre le Maroc et l'Espagne, suscite un intérêt soutenu en raison de son impact potentiel sur les relations intercontinentales. Cette initiative revêt une importance stratégique, susceptible de remodeler la dynamique économique, touristique et culturelle entre l'Europe et l'Afrique.