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Tunnel entre l'Espagne et le Maroc : l'Académie royale d'ingénierie évoque un projet qui «pourrait redéfinir les échanges logistiques et les connexions ferroviaires entre l'Europe et l'Afrique»
Le projet de liaison fixe entre l'Europe et l'Afrique à travers le détroit de Gibraltar «constitue une entreprise d'ingénierie de grande envergure qui devrait mobiliser des technologies avancées et des connaissances pluridisciplinaires», selon un rapport de l'Académie royale d'ingénierie (RAI). Ce corridor, envisagé sous la forme d'un tunnel sous-marin de 42 kilomètres, soulève des défis techniques considérables liés à la profondeur des fonds marins, aux forts courants du détroit et aux exigences de sécurité d'une infrastructure transcontinentale. Les études en cours, menées conjointement par des équipes espagnoles et marocaines, explorent les possibilités offertes en matière de construction sous-marine, tout en intégrant des critères de durabilité, d'efficacité économique et d'interopérabilité ferroviaire. Ce projet, qui s'inscrit dans une perspective stratégique à long terme, «pourrait redéfinir les échanges logistiques et les connexions ferroviaires entre l'Europe et l'Afrique, avec des retombées significatives pour les deux continents», selon la même source. En mars de cette année, le ministre espagnol Óscar Puente a ravivé le débat en réaffirmant l'intérêt de Madrid pour ce projet de liaison fixe entre les deux continents. Le projet en est encore à une phase embryonnaire. La réalisation effective de ce chantier, mentionné depuis quarante ans, dépendra de la validation de sa faisabilité technique dans un environnement marin «complexe.» Il constitue un défi technique colossal, compte tenu des profondeurs atteignant 900 mètres dans le détroit de Gibraltar et des fortes courants qui compliquent la construction d'un pont ou d'un tunnel. Malgré ces obstacles, la construction d'un tunnel sous-marin d'une quarantaine de kilomètres reliant Tarifa, en Espagne, à Tanger, au Maroc est évoquée. L'itinéraire envisagé offre des conditions et une profondeur plus gérables et prévoit la construction de trois tronçons : deux pour le transport ferroviaire et un troisième réservé à la maintenance et à la sécurité. Les véhicules autorisés à emprunter cette liaison seraient des trains à grande vitesse et des trains de marchandises, avec des navettes spécifiques pour les passagers et les véhicules. Globalement, il s'agit de 28 kilomètres sous l'eau dans un tunnel sous-marin et 11 kilomètres en tunnel souterrain entre Punta Paloma, à Tarifa et Punta Malabata, dans la baie de Tanger. La profondeur maximale atteindrait 300 mètres avec une inclinaison ne dépassant pas 3 %. Chaque tunnel aurait un diamètre de huit mètres, et une galerie de services, large de six mètres, relierait les trois tunnels via des passages transversaux tous les 340 mètres, avec une zone de sécurité spécifique tous les cent mètres. Selon les études préliminaires, ces navettes permettraient de transporter des voitures, caravanes, autocars, camions et remorques d'un continent à l'autre en moins de trente minutes. Les experts estiment que, outre l'amélioration des échanges de marchandises entre l'Europe et l'Afrique, ce tunnel renforcerait le réseau ferroviaire reliant l'Afrique du Nord au reste de l'Europe, ce qui facilitera les connexions directes entre des villes comme Paris, Madrid, Rabat et Casablanca.