Hennou Allali Maamar, une des premières médecins marocaines après l'Indépendance, a récemment été refoulée par la police aux frontières (PAF) française depuis l'aéroport de Montpellier, malgré la validité de son titre de séjour. Ingénieur installé au Royaume-Uni, son fils Younes Maamar a interpellé le président Emmanuel Macron, dans un courrier écrit qu'il lui a adressé. En France, la praticienne a fait ses études en médecine, avant de rentrer au Maroc dans les années 1960 et de multiplier les allers-retours. «Elle s'est engagée tant dans la santé publique mais aussi dans l'action sociale, les droits de l'Homme, et, sujet auquel elle tient beaucoup, la scolarité des petites filles du monde rural», d'où son initiative de créer la Fondation Illy en 2005, rappelle le courrier. Au cours d'un échange, un agent de la police aux frontières a demandé à la praticienne de fournir son certificat d'hébergement. Ne l'ayant pas présenté, la voyageuse a vu l'agent la menacer de la «renvoyer chez [elle]». «Ne voyant aucun signe de courbage d'échine, pire encore et comble de l'insoumission, se voyant rétorquer qu'en tant que médecin, de son âge, ce document lui semblait superflu, qu'il ne lui fut d'ailleurs jamais réclamé au cours des innombrables voyages en France, l'officier de police décida de mettre sa menace à exécution», écrit Younes. «Elle était pourtant contente de se rendre à Montpellier. Elle se réjouissait de pouvoir revoir les bâtiments de la faculté de médecine où elle apprit de ses Maîtres», écrit encore le fils de la médecin. Certains agents de la PAF sont venus réconforter la mère, selon l'auteur du courrier. «Ne vous inquiétez pas, revenez dans quelques jours et ça ira bien», lui auraient-ils dit. «C'était ne pas connaître cette dame : Elle ne reviendra plus», indique la lettre. Celle-ci déplore «une posture de plus en plus systématique qui tente de prendre les citoyens marocains en otage d'un pressing qui les dépasse». «Sans doute, les procédures administratives ont été suivies à la règle. Mais ce qui est peut-être regrettable, c'est qu'à vouloir faire du zèle pour appliquer des alinéas machins, à brider la capacité de jugement ou pire encore, à laisser le champ libre à un zèle partial ou imbécile, on effrite peu à peu les ponts qui nous lient», lit-on. L'auteur indique que son courrier «n'est pas une lettre de réclamation, ni une plainte», mais «une lettre d'adieu» signifiant la décision définitive de la mère de ne jamais repartir en France.