Face aux menaces européennes, le pouvoir algérien a été contraint de réviser le communiqué de la présidence algérienne, annonçant la suspension du traité avec l'Espagne, et les sanctions économiques prises contre Madrid. Après avoir annoncé la suspension du traité d'amitié avec l'Espagne et le gèle de toute démarche de domiciliation bancaire pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne, l'Algérie a vite cédé aux premiers coups de pression des Européens. L'ambassade de l'Algérie auprès de l'Union européenne, relevant de la tutelle du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, précise, dans un communiqué publié ce vendredi, que la décision de la suspension «n'affecte ni directement, ni indirectement les engagements de l'Algérie contenus dans l'accord d'association Algérie-Union européenne», conclu en 2005. Dans sa version des faits, la représentation diplomatique a critiqué la Commission européenne, pointant notamment «la précipitation avec laquelle la CE a réagi sans consultation préalable, ni vérification aucune, auprès du gouvernement algérien, à la suspension par l'Algérie d'un traité politique bilatéral avec un partenaire européen, en l'occurrence l'Espagne». Pire, l'ambassade a démenti tout ordre donné aux dirigeants des banques et établissements financiers algériens, leur enjoignant de geler toute démarche de domiciliation bancaire pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne. «Cela n'existe en fait que dans l'esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser», indique la mission algérienne auprès de l'UE, oubliant que la décision de l'Association des professionnels des banques avait été relayée par la presse algérienne. L'UE menace l'Algérie, Madrid satisfaite Quelques heures avant l'annonce officielle du revirement du pouvoir algérien, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a réussi à convaincre les Européens d'apporter un appui sans concession à son pays dans sa crise ouverte avec l'Algérie. Le chef de la diplomatie a, en effet, annulé sa participation au sommet des deux Amériques, organisé à Los Angeles aux Etats-Unis, pour se rendre à Bruxelles où il a eu des entretiens avec le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce Valdis Dombrovskis. Une visite qui a porté ses fruits. En témoigne la teneur du communiqué commun publié par les deux responsables européens, ce vendredi. «Nous évaluons les implications des actions algériennes», notamment l'instruction donnée aux institutions financières «d'arrêter les transactions entre les deux pays, qui semble être en violation de l'accord d'association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l'investissement», ont-ils affirmé. «L'UE est prête à s'opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l'encontre d'un Etat membre. Cela conduirait à un traitement discriminatoire d'un Etat membre de l'UE et nuirait à l'exercice des droits de l'Union au titre de l'accord», avec l'Algérie, ont-ils menacé. Hier, la présidence algérienne a annoncé la suspension du traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération, conclu le 8 octobre 2002, avec l'Espagne. «Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu'elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le Royaume d'Espagne jusqu'à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies», a justifié la présidence dans un communiqué. Ce rétropédalage algérien a été accueilli avec satisfaction en Espagne. Des sources diplomatiques à Madrid se félicitent de la déclaration de l'ambassade de l'Algérie auprès de l'UE, la considérant comme «une véritable marche arrière», rapporte El Pais.