Au lendemain de la décision de l'Algérie de suspendre son Traité d'Amitié avec l'Espagne datant de 2002, l'Union européenne a mis en garde le pays maghrébin et a exprimé son « extrême préoccupation » face à un comportement indigne et immature qui annonce de mauvaises surprises pour les 27. L'Union européenne qui a longtemps fermé les yeux sur les dérives autoritaires du président algérien, Abdelmadjid Tebboune et son virage anti-démocratique depuis son accession au pouvoir en 2019, va finalement regretter cette largesse accordée au plus grand pays d'Afrique à cause de la multiplication de ces actes hostiles. Pourtant cette faveur qui a été octroyée à l'Algérie, n'a pas été accordée à la Tunisie de Kais Saied qui subit les remontrances de l'occident ces derniers mois, alors que son modus operandi est calqué sur celui de son homologue algérien. Mais face à l'annonce de l'Algérie de rupture du Traité d'amitié avec l'Espagne signé en 2002 qui concerne plusieurs leviers de coopération bilatérale notamment politique, stratégique, et surtout qui a trait à la sécurité, l'UE a fait part de sa condamnation deux fois cette semaine. Les 27, en connaissant l'Algérie, sa réputation de partenaire peu fiable et son mode opératoire, ont conscience de la portée de la rupture d'un Traité aussi mineur soit-il, car, les répercussions vont au delà du champ de cette coopération. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour avoir une réponse dans le genre puisque les banques algériennes ont décidé de ne plus autoriser les opérations d'importations et d'exportations avec ce pays qui est l'un de ses plus importants partenaires commerciaux. L'Espagne a exporté vers l'Algérie près de trois milliards de dollars de marchandises en 2019 et 2,1 milliards en 2020. « L'UE est prête à s'opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à un État membre de l'Union», ont mis en garde, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, dans une déclaration commune. Pour l'Union européenne la décision de l'Algérie constitue une violation de son droit commercial (un accord d'association a été signé en 2002 et entré en vigueur en 2005 entre l'Algérie et l'UE, ndlr), ont-ils fait comprendre, d'autant plus que cette décision de ne plus échanger avec l'Espagne sur le plan commercial ne fait pas partie du Traité d'amitié. Pour Bruxelles, il ne fait pas de doute que l'Algérie mène une stratégie de chantage contre l'Espagne et l'Union européenne dans son ensemble en cherchant à leur imposer sa position sur le Sahara, sujet au coeur de cette brouille entre Alger et Madrid. Le pays ibérique a annoncé le 18 mars soutenir le plan d'autonomie marocain pour le Sahara comme solution la plus à même de mettre un terme à près de 50 ans d'un faux conflit créé et entretenu par l'Algérie. Cette semaine, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a appuyé sa décision en annonçant devant le Parlement que la décision était une position de l'Etat espagnol et pas seulement de son gouvernement, ce qui a provoqué l'ire des responsables algériens. Il s'agit de la deuxième fois que le régime algérien s'attaque à l'Espagne en l'espace de quelques mois. Il avait d'abord coupé le flux du gazoduc Maghreb Europe (GME) et avait menacé de couper complètement ses envois de gaz à l'Espagne si le pays devait le revendre au Maroc. La réponse de Madrid sera adéquate, sereine, constructive, mais aussi ferme dans la défense des intérêts de l'Espagne, a affirmé de son côté, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares dans une déclaration à la presse, en expliquant que la réponse sera « globale ». Nabila Massrali, la porte-parole des affaires étrangères de l'Union européenne, a également réagi en exprimant « l'extrême préoccupation » de Bruxelles, tout en demandant à l'Algérie de « revoir cette décision». Plusieurs députes européens ont vivement critiqué cette nouvelle incartade du régime algérien, qui s'est permis de s'ingérer dans les affaire internes et souveraine de l'Espagne. Cela a été notifié dans la première réponse de Madrid. L'eurodéputé tchèque Tomas Zdechovsky a estimé que « les démarches actuelles de l'Algérie vers l'Espagne et l'Union européenne sont totalement inutiles ». Pour la française Dominique Bilde, « l'Algérie met la pression à l'Espagne après avoir usé de l'arme migratoire » en ajoutant que pourtant « il y aurait pourtant tant à dire sur le soutien algérien au front polisario et la gestion de l'aide de l'UE aux réfugiés sous son contrôle ».