La Commission européenne s'est prononcée «en faveur de l'Espagne» dans le conflit avec l'Algérie, exigeant qu'elle «revienne» sur la décision de suspendre le traité d'amitié que les deux pays maintenaient depuis 20 ans et qu'elle a suspendu mercredi, affirme l'agence EFE. La décision d'Alger est «extrêmement préoccupante», a souligné Nabila Massrali, porte-parole officielle de l'exécutif communautaire pour les affaires étrangères. «Nous demandons aux autorités algériennes de reconsidérer leur décision», a-t-elle ajouté. «L'Algérie est un partenaire important de l'Union européenne en Méditerranée et un acteur clé de la stabilité régionale. Et pour l'instant, ce que nous faisons, c'est évaluer l'impact de la décision d'Alger et des solutions doivent être trouvées par le dialogue et les voies diplomatiques. Nous espérons donc qu'au nom de leur collaboration forte et de longue date, l'Algérie reviendra sur sa décision et travaillera également avec l'Espagne pour surmonter les désaccords actuels», a-t-il poursuivi. Mercredi, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a entériné au Congrès des députés le changement de position de l'Espagne sur le Sahara. L'intervention de Sánchez à la chambre basse, confirmant le pas historique franchi en mars, a encore fait monter la tension, et conduit Alger à suspendre quelques heures plus tard le traité d'amitié qu'elle a signé avec l'Espagne en 2002. Mercredi en fin de journée, par ailleurs, l'Algérie a accentué son «chantage» à travers l'Association des banques et des entités financières, laquelle a poussé les institutions du pays à geler les prélèvements des opérations de commerce extérieur de biens ou de services en provenance ou à destination de l'Espagne. Cette décision peut concerner l'Union européenne, car, comme l'a rappelé le chef du bureau du porte-parole de la Commission, Eric Mamer : «La politique commerciale est de la responsabilité de l'UE et les relations commerciales se font entre l'Union européenne et les pays tiers. Cela définit donc le cadre dans lequel nous opérons. Et les pays tiers qui commercent avec l'Union européenne n'opèrent pas avec des pays individuels». «Je ne suis pas au courant que nous ayons reçu des détails spécifiques des autorités algériennes sur ce qu'elles prévoient dans la pratique», a-t-il répondu pour savoir si la décision algérienne sur l'Espagne suppose une violation des relations commerciales entre l'Union européenne et le pays d'Afrique du Nord. L'accord algérien avec l'UE stipule dans ses articles que les deux parties «s'engagent à autoriser, en devises librement convertibles, tous les paiements courants liés aux transactions» et à garantir la libre circulation des capitaux dans les investissements directs en Algérie et le rapatriement des bénéfices. Il envisage également que les conflits sur son interprétation seront du ressort d'un conseil d'association, organe composé des ministres de l'UE et de l'Algérie, dont les conclusions seront contraignantes.