L'Algérie a suspendu, mercredi 8 juin, un «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération» conclu en 2002 avec l'Espagne, après la décision de Madrid de s'aligner sur la position du Maroc par rapport au dossier du Sahara, a annoncé la présidence. Une décision fruit d'un cafouillage ? La représentation diplomatique de l'Algérie à Bruxelles a assuré ce vendredi après-midi que «la prétendue mesure du gouvernement d'Alger de suspendre les transactions commerciales en cours avec un partenaire européen [faisant allusion à l'Espagne], n'existe que dans la tête de ceux qui se sont empressés de la dénoncer», selon un communiqué au ton alarmiste que Barlamane.com a pu consulter. Le gel des domiciliations bancaires de commerce extérieur de et vers l'Espagne a été décidé par le régime algérien sans en informer ses relais à Bruxelles ? Pourtant, un grand organisme bancaire en Algérie avait annoncé des restrictions sur les transactions commerciales avec l'Espagne, après la suspension de ce traité, selon un document publié par des médias locaux dont Barlamane.com détient copie, peu après l'annonce de la suspension du traité hispano-algérien. En Espagne, le communiqué de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF) d'Algérie qui annonce le gel des prélèvements des opérations de commerce extérieur de et vers le pays à partir de jeudi, et qui bloquait en pratique les échanges bilatéraux, a alimenté toutes les inquiétudes. Ce qui est clair, souligne des diplomates européens, c'est qu'il ne s'agissait pas d'un acte anodin, comme le soutient la délégation d'Alger à Bruxelles, car il y a des entreprises espagnoles qui ont déjà rencontré des soucis; jeudi, en tentant d'accomplir leurs transactions financières auprès des banques algériennes. Concernant l'approvisionnement en gaz de l'Espagne, bien qu'il n'y ait pas eu d'indications sur ce point, il y a eu des insinuations de la part de l'Algérie sur le risque que la continuité de l'approvisionnement soit perturbée. Depuis des mois, Naturgy et Sonatrach mènent un bras de fer tacite pour renégocier les prix des livraisons de gaz, selon nos sources. Le chef de la diplomatie espagnole a rencontré ce vendredi à Bruxelles le vice-président de la Commission européenne et chef de la politique commerciale, Valdis Dombrovskis. Après cet entretien, ce dernier a exprimé sa préoccupation maximale face à la décision de l'Algérie de suspendre ses échanges commerciaux avec l'Espagne et a averti que ce blocage viole selon toute vraisemblance l'accord d'association entre l'UE et le pays du Maghreb de 2005, ce qui pourrait entraîner des représailles commerciales et économiques de la part de l'Europe. Albares a également souligné que la décision de l'Algérie (qualifiée de chantage) viole l'accord avec l'UE.