Le Maroc est décidé à ne pas jouer la chaise vide aux Iles Canaries. Le royaume mobilise ses partisans pour contrer le lobbying des alliés du Polisario dans l'archipel. «Le Maroc a toujours défendu l'espagnolité des Iles Canaries». Les propos portent la signature du président de l'Association de coopération maroco-canarienne, Rafael Esparza, lors d'un point de presse tenu ce mardi. «Le Maroc n'a pas l'ambition d'annexer l'archipel», a-t-il précisé. Esparza répond ainsi aux formations politiques, majorité et opposition, qui ne cessent de mettre en garde contre les projets expansionnistes du royaume, visant surtout à s'approprier les eaux des Iles Canaries. Le dernier avertissement dans ce sens est l'œuvre du président du parti Nouvelle Canarie, Román Rodríguez. Il a estimé, dans une allocution prononcée samedi lors du congrès de son parti, que «les revendications expansionnistes du Maroc vont au-delà du Sahara Occidental». Coaltion Canaria, l'autre parti régionaliste de droite, abonde dans ce sens. S'inscrivant en faux contre ces déclarations, Esparaza a tenu à rafraichir la mémoire de ces partis, affirmant que «le Maroc n'a tué aucun citoyen des Iles Canaries, contrairement au Polisario». Et d'enchainer en couvrant d'éloges l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara occidental. «Elle est la solution possible à même de résoudre le problème fondamental et terrible de la population de Tindouf, qui vit une situation difficile». Ne pas laisser le terrain vide au Polisario dans l'archipel Rafael Esparza a expliqué que les Nations unies «se sont rendues compte que l'organisation du referendum au Sahara occidental, est une mission impossible», ajoutant que «l'Algérie n'est pas intéressée à résoudre le problème, mais plutôt à le maintenir». Et de conclure ses déclarations en précisant qu'«un Maroc stable est la meilleure chose qui puisse arriver aux Iles Canaries». Les propos du président de l'Association de coopération maroco-canarienne, au même titre que les dernières sorties de la présidente de l'Association canarienne des victimes du Polisario (ACAVIT), Lucía Jiménez, sont destinées à ne pas laisser le terrain vide aux seuls partisans du mouvement séparatiste dans l'archipel pour y répandre leurs positions. Des forces politiques, de la majorité et de l'opposition, qui sont vent debout contre le soutien du chef du gouvernement espagnol au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental. Une opposition qui a contraint le chef de l'exécutif autonome des Iles Canaries, Ángel Víctor Torres, à réviser son enthousiasme vis à vis de la position prise par son camarade au parti, Pedro Sanchez. Aussi, il a réclamé, le 23 mars devant le Parlement local, du chef du gouvernement de se déplacer jusqu'à la capitale de l'archipel pour expliquer aux députés la teneur de la lettre qu'il a adressée, le 14 mars, au roi Mohammed VI. Depuis, les revendications ont changé. Maintenant les partis politiques aux Iles Canaries exigent de prendre part au groupe de travail sur la délimitation des espaces maritimes sur la façade atlantique dont la réactivation a été annoncée dans la Déclaration maroco-espagnole du 7 avril. Pour rappel, le roi Mohammed VI avait reçu, en mai 2004, l'ancien président des Iles Canaries, Adan Martin. En avril 2012, le souverain accordait la même audience à son successeur Paulino Rivero. Des représentants de l'archipel assistent traditionnellement aux réunions de haut niveau entre l'Espagne et le Maroc.