La nouvelle étape dans les relations entre Rabat et Madrid ne fait pas l'unanimité en Espagne. Après la colère de l'extrême gauche contre l'appui de Pedro Sánchez au plan marocain d'autonomie au Sahara, la droite plurielle a pris le relais sur Ceuta, Melilla et les Iles Canaries. Après le Sahara, le Parti socialiste ouvrier (PSOE) fait face à une vague de critiques des différentes mouvances de la droite sur des questions d'intégrité territoriale. Les socialistes se relaient, ainsi, pour insister sur l'«espagnolité de Ceuta et Melilla». Le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, a estimé que la souveraineté espagnole sur les deux villes «n'est pas un sujet de débat» avec le Maroc. Le responsable gouvernemental n'a pas souhaité accorder d'importance à l'absence de Ceuta et de Melilla dans la déclaration conjointe maroco-espagnole, publiée le 7 avril. «Evidemment, elle sont deux villes espagnoles», a-t-il précisé dans des déclarations à la presse. Une autre socialiste, Gloria Rojas du PSOE de Melilla, a accusé les partis de droite d'être «les seuls à s'obstiner pour mettre en doute» l'appartenance des deux enclaves à l'Espagne, comme acté «depuis de nombreuses années et qui n'est en aucun cas remise en cause». Pour rappel, le chef du gouvernement a affirmé, depuis Rabat, que «la souveraineté nationale du territoire de l'Espagne ne fait pas l'objet de doute y compris Ceuta et Melilla». Pedro Sánchez a expliqué, lors d'un point de presse dans la capitale marocaine, qu'il ne s'agit pas d'un engagement de l'Etat espagnol et du gouvernement mais d'un principe inscrit dans la constitution de son pays. Après l'extrême gauche, la droite prend le relais Ces précisions ne convainquent pas les partis de droite. «Sur Ceuta, Melilla et les eaux des Iles Canaries ont ne sait absolument rien», a déploré le nouveau président du Parti Populaire, Alberto Núñez Feijóo. De son côté, Vox est allé plus loin. Le groupe de députés de la formation d'extrême droite a, dans une question écrite, demandé à l'exécutif d'augmenter le budget de la défense pour assurer la sécurité les frontières de Ceuta, Melilla et les Iles Canaries face à «la menace marocaine» (sic). Pour mémoire, Vox a déjà conditionné la réouverture des frontières terrestres à la «reconnaissance par le Maroc de la souveraineté de l'Espagne sur Ceuta, Melilla, les ilots (en Méditerranée) et les Iles Canaries». Pour sa part, Ciudadanos a exigé la comparution du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, à la plénière de la Chambre basse du Parlement pour rendre compte des «engagements» pris lors de la réunion du 7 avril à Rabat entre le roi Mohammed VI et Pedro Sánchez. La droite aux Iles Canaries a rejoint ce groupe. Le secrétaire général de la Coalition canarienne (opposition), Fernando Clavijo, a estimé que le chef de l'exécutif était allé au Maroc «négocier l'intégrité des eaux canariennes avec une opacité totale».