Le Polisario a consenti de lourdes concessions pour arracher l'adhésion de tous les groupes à une initiative parlementaire dénonçant le soutien du chef du gouvernement espagnol à la position du Maroc sur la question du Sahara. Comme au Parlement des Iles Canaries, le Polisario s'affirme comme le véritable auteur de la proposition examinée par la Chambre basse du Parlement espagnol, visant à contester le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental. Ses représentants dictent la ligne à suivre, mais face au changement de paradigme en Espagne, le Polisario tente une voie médiane. Le mouvement de Brahim Ghali souhaite l'adhésion à l'initiative de tous les groupes de députés, y compris les socialistes, portant la signature de ses alliés au sein de la coalition Unidas-Podemos, la Gauche républicaine catalane et EH Bildu (qui regroupe les indépendantistes basques). Pour atteindre cette «unanimité» contre la décision du chef de l'exécutif, le Front Polisario a consenti de lourdes concessions. Ses représentants en Espagne ont demandé à Podemos de rejeter tous les amendements qui montrent un certain extrémisme dans la condamnation de l'appui de Pedro Sanchez au Maroc, même s'ils sont l'œuvre de fidèles alliés du Polisario au Parlement, rapporte un média ibérique. Des concessions au risque de mécontenter certains de ses alliés Suivant à la lettre ces orientations, Podemos a refusé d'intégrer dans le texte une modification du Parti nationaliste basque sollicitant de la Chambre basse du Parlement d'«exprimer son désaccord avec le changement de position du gouvernement face au contentieux ; un tournant radical et unilatéral qui, en pariant sans ambiguïté sur le plan marocain d'autonomie de 2007, revient à s'aligner pleinement sur les aspirations du Royaume du Maroc à considérer le territoire du Sahara occidental comme le sien». Dans d'autres circonstances, le Front Polisario aurait salué un tel amendement mais dans le contexte actuel, il cherche d'abord une victoire politique. Mais pour l'heure, son objectif principal de fédérer tous les groupes de députés derrière la proposition, s'éloigne. Outre le rejet exprimé par le parti Ciudadanos, le PSOE a annoncé hier soir son intention de voter contre. Un coup dur pour les auteurs du texte qui, en coordination avec le Polisario, avaient veillé à l'expurger des traditionnelles revendications de l' «organisation d'un référendum» et le «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Ils s'inscrivaient, ainsi, dans la voie empruntée par le PSOE et exprimée dans son document destiné à sa base. En revanche, ils ont insisté sur «le dialogue, la négociation et l'accord menés de manière constructive et dans le respect du droit international [qui] permettront de parvenir à une solution politique juste, réaliste, viable, durable et mutuellement acceptable au Sahara». Vox n'a pas encore révélé sa décision. Et il en est de même pour le Parti Populaire dont le nouveau leader le Galicien Alberto Núñez Feijóo sera reçu par Pedro Sanchez, à Madrid, dans les prochaines heures. Une réunion qui se tiendra avant que le chef de l'exécutif ne s'envole vers Rabat pour y rencontrer le roi Mohammed VI et sceller la nouvelle étape dans les relations entre le Maroc et l'Espagne.