Après le soutien du gouvernement Sanchez au plan d'autonomie du Sahara occidental proposé par le Maroc, le Parti socialiste ouvrier espagnol déploie une série d'arguments pour convaincre sa base du bien fondé de son revirement stratégique sur le dossier. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) anticipe une éventuelle fronde au sein de son aile radicale, traditionnellement pro-Polisario, en lançant une campagne de communication pour justifier le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental. Les rédacteurs du document, consulté par Yabiladi, insiste surtout sur la défense de «l'intégrité territoriale» de l'Espagne pour vendre aux militants le changement de position sur la question du Sahara. «Inaugurer de nouvelles relations solides et stables avec un pays voisin et partenaire stratégique comme le Maroc, sont indispensables pour l'intégrité territoriale, y compris Ceuta et Melilla, et la souveraineté de l'Espagne, ainsi qu'à la stabilité, la sécurité et la prospérité des deux pays». Le gouvernement espagnol travaille depuis plusieurs mois avec ces objectifs en tête, assurent les auteurs. Le texte précise que «la nouvelle étape» qui s'ouvre entre les deux pays va permettre «de renforcer la sécurité des frontières de Ceuta et Melilla, et des frontières maritimes des Iles Canaries, afin d' assurer le contrôle des flux migratoires et la lutte contre la traite des êtres humains (…), et en évitant les actions unilatérales». Le PSOE affirme, par ailleurs, que l'appui de Pedro Sanchez au plan marocain au Sahara occidental ne constitue pas une rupture avec la ligne observée par ses prédécesseurs. «C'est la position de l'Espagne depuis 2008, avec José Luis Rodríguez Zapatero comme président du gouvernement. Dans les Déclarations des Réunions des Hauts Niveaux Espagne - Maroc de 2008, 2012 et 2015 il y est expressément mentionné que, "L'Espagne salue les efforts sérieux et crédibles du Maroc"» mais sans mentionner directement le plan marocain. Ce passage, tiré de la Déclaration conjointe du sommet entre les deux pays, organisé le 5 juin 2015 à Madrid, a servi d'argument au ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, lors d'un point de presse tenu hier à Bruxelles, pour défendre la nouvelle position de son exécutif. Un soutien sans équivoque Néanmoins, aucun chef du gouvernement espagnol n'avait jusqu'à présent franchi le cap en affirmant que «l'Espagne considère l'initiative marocaine d'autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend du Sahara occidental». Pour l'heure, l'argument de la défense de l' «intégrité territoriale» de l'Espagne semble convaincre les présidents de Ceuta, Melilla et les Iles Canaries (avec des nuances) ainsi que les ministres socialistes au sein du gouvernement de la coalition de gauche. Le réalisme politique de Pedro Sanchez sur la question du Sahara, alors qu'il défendait quelques années auparavant les thèses du Polisario, n'est pas sans rappeler le revirement d'un autre socialiste : Felipe Gonzalez. Une fois au pouvoir, et après avoir arraché l'entrée de l'Espagne à la Communauté économique européenne (CEE), il avait appelé, le 12 mars 1986, les électeurs à un referendum sur le maintien de son pays au sein de l'OTAN. Leader de l'opposition, Gonzalez était contre cette adhésion, mais la consultation avait donné la victoire du «oui».