Nous l'avons attendu, ou plutôt nous avons tenté de le fuir. Immobiliser le temps, voire opter pour un retour en arrière. Histoire de continuer à savourer des jus de fruits bien servis, d'éterniser ces agréables moments dans une parcelle d'ombre que le soleil ne parvient pas à atteindre, puis admirer sans relâche ces jolies filles, ces jolis garçons qui parsèment nos rues. Mais, en dehors de l'oisiveté dans laquelle il nous berce, le temps n'est pas le meilleur de nos alliés. Comme lui, la Lune ne marque pas de temps mort. Elle apparaîtra sous très peu sous son plus fin croissant. Le mois de Ramadan est enfin arrivé. Il fait chaud, beaucoup trop chaud pour se restreindre, pour limiter ses petits plaisirs. Il faudra donc en appeler à son âme pour maîtriser son corps, abandonner les apparences pour plus d'introspection, penser à celui qui n'a pas ou n'a plus. Pour cela, il faudra cesser de chercher à avoir pour être. Il faudra être pour montrer combien on a. Être généreux, réfléchi, porté sur ses propres défauts mais surtout à l'écoute des autres. Deux oreilles pour une seule bouche, il faudra enfin tendre l'oreille aux sages qui nous exhortent à écouter deux fois plus que l'on ne parle. Le Ramadan est liberté et non privation Chercher à se taire pour respecter le jeune du cœur. Méditer et arrêter de médire. Répéter à ceux qui ne savent pas que le Ramadan n'est pas une affaire de nourriture mais une affaire d'esprit. Résister à la tentation, aux tentations, et ne pas y céder même une fois le jeune rompu. Faire du temps un allié et non plus un ennemi. Se priver des choses matérielles pour s'évaporer dans le spirituel. S'éprouver et être éprouvé pour goûter à la liberté. Non le Ramadan n'est pas privation, il est liberté. Il marque les retrouvailles d'une âme complètement déconnectée de son corps, la réconciliation avec le temps qui nous donne bien plus que ce qu'il nous prend ; et la noble articulation entre nos principes et la réalité faussée qu'on feint tous de ne pas voir. Le Ramadan n'est pas un mois de liberté, il n'est pas une fin mais un point de départ. Il est le chemin par lequel toute âme en déperdition doit passer pour y trouver la paix. La paix de l'être, de l'esprit. La paix avec les autres mais surtout avec soi-même. Penser au pauvre, au persécuté, à l'innocent jugé coupable et à ceux qui sont privés de liberté. Et pour ce faire, quêter le chemin qui nous mène… place de la Liberté. Ramadan moubarak saïd.