Après un mois et demi de l'annonce du retrait du Maroc de sa confiance en Ross, rien à signaler. Ban Ki-moon soutient fermement son envoyé personnel au Sahara et la réunion Clinton-El Otmani n'a pas encore lieu. Ce revers de la diplomatie s'accompagne par l'exclusion de Rabat de la réunion de Genève, 30 juin, consacrée à la Syrie. La question du Sahara était, hier, au cœur des questions orales à la Chambre des représentants. Le groupe des députés du PAM a interpellé le ministre des Affaires étrangères sur l'état des lieux de la demande marocaine réclamant le départ du médiateur onusien, Christopher Ross. Saâdeddine El Otmani a commencé par souligner quelques donnés historiques, rappelant, au passage, que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara ne pourrait continuer l'exercice de ses fonctions sans l'accord des deux partis engagées dans ce conflit : le Maroc et le Polisario. Pour étayer sa version, le chef de la diplomatie s'est référé aux cas de James Baker en 2004 et celui de Peter Van Walsum en 2008. Le premier est parti sous la pression du Maroc alors que le second avait rendu ton tablier à cause du Polisario. Le Maroc souhaite que cette «logique» soit appliquée dans le cas de Ross, sauf qu'en 2004, le locataire de la Maison Blanche était un républicain et non un démocrate. Ce vœu qui se heurte, pour le moment, au refus catégorique de Ban Ki-moon. Le secrétaire général tient à son envoyé personnel, il l'a montré, d'ailleurs, à deux reprises. Le 17 mai dernier lors de l'annonce officielle du retrait marocain de la confiance en Ross et le 22 juin, deux jours après, les "critiques" de José Margallo au travail du médiateur onusien. Silence de l'administration américaine Force est de constater qu'après un mois et demi, la diplomatie marocaine n'a pu, jusqu'aujourd'hui, réussi à convaincre les principaux acteurs internationaux dans le conflit au Sahara d'appuyer sa demande de remplacer Ross. La très attendue réunion entre Hilary Clinton et Saâdeddine El Otmani, annoncée depuis le 7 juin par le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, qui devrait être consacrée au cas Ross, n'a pas encore eu lieu. C'est dire que les responsables marocains ont du pain sur la planche. Depuis le début de cette affaire, l'administration américaine ne s'est guère montrée compréhensive à la demande marocaine. Pour mémoire, à l'issue de ses entretiens, le 11 mai, avec El Otmani, le n°2 de la diplomatie américaine a déclaré à la presse que «les Etats-Unis continuent d'appuyer les efforts visant à trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental, ainsi qu'au processus de négociation des Nations unies dirigé par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, l'ambassadeur Christopher Ross». Depuis cette date, rien n'a changé du côté de l'administration démocrate. Elle garde le silence et encourage Ban Ki-moon à publier des communiqués dans lesquels il réitère sa confiance en son envoyé personnel au Sahara. L'affaire Ross n'est pas la seule où la diplomatie marocaine enregistre des revers. Le Maroc n'a pas été invité à prendre part à la réunion de Genève du samedi 30 juin consacré à la Syrie. Les pays arabes y étaient représentés par le Qatar et le Koweït. Et pourtant, Rabat était un membre très actif sur cette question alors que l'émirat du Koweït ne l'était pas.