Cour constitutionnelle de Berlin a donné raison, il y a quelques jours, au Maroco-allemand Mohamed Hajib, qui accuse les autorités allemandes de l'avoir expulsé vers le Maroc en 2010, où il a été condamné pour terrorisme. Selon des médias allemands, qui citent un jugement de 21 pages, la Cour a reconnu que les droits fondamentaux de Hajib à une aide juridictionnelle dans son procès contre l'Etat allemand ont été «violés» par une «appréciation inadmissible des preuves» par la cour d'appel. Celle-ci, saisie par le Maroco-allemand connu pour ses vidéos critiques à l'égard du royaume, qu'il accuse de l'avoir torturé et emprisonné pendant 7 ans, avait rejeté sa demande initiale de dommages et intérêts de l'ordre de 1,5 million d'euros pour «l'injustice» qu'il aurait subie. Mohamed Hajib considère la police allemande en partie responsable de son expulsion et son emprisonnement au Maroc. En 2010, l'homme condamné au Maroc pour terrorisme est de retour d'un pèlerinage au Pakistan. A l'aéroport de Francfort, il est expulsé par la police vers le royaume. Selon ses déclarations, il aurait été torturé, condamné en tant que terroriste présumé à sept ans de réclusion criminelle et emprisonné. De retour en Allemagne après avoir purgé sa peine, il décide de poursuivre l'Etat allemand. Dans des déclarations à la presse allemande, Hajib s'est dit «très satisfait» de cette nouvelle décision, qui obligera la cour d'appel à revoir sa demande. «Cela montre clairement que les tribunaux allemands sont indépendants», a-t-il ajouté. Son avocat Eberhard Schultz a rappelé qu'il n'arrive pas souvent qu'une plainte constitutionnelle, comme dans un tel cas, soit tranchée positivement. Pour sa part, le ministère fédéral de l'Intérieur n'a pas souhaité commenter la décision. Ce verdict est rendu dans un contexte où l'affaire Hajib est l'une des raisons de la crise diplomatique entre l'Allemagne et le Maroc. Les médias allemands rappellent que Berlin est accusé d'avoir délibérément fuité des informations sensibles, fournies par les services marocains, à Mohamed Hajib et de «l'inciter» à continuer ses critiques du Maroc sur YouTube. Les mêmes sources ajoutent que la colère du Maroc, provoquées également par la position de Berlin sur le Sahara occidental, la médiation marocaine dans le dossier libyen ainsi que des informations relatives à l'espionnage, a poussé Rabat à suspendre ses relations avec l'ambassade d'Allemagne et de rappeler son ambassadeur à Berlin.