La chaîne française M6 a consacré, à travers son magazine «Enquête exclusive», un épisode explosif sur des extrémistes qui mènent une vie sans inquiétude en Allemagne. Ce sont plusieurs principaux représentants de l'organisation Etat islamique (EI) qui ont trouvé refuge en Allemagne. La plupart d'entre-eux sont soupçonnés d'«appartenance à une organisation terroriste», de «financement du terrorisme» et d'«aide à la préparation d'actions violentes». Prédicateurs, footballeurs, associatifs, agissant sous pseudonymes, et qui sont arrivés au pays de Merkel comme demandeurs d'asile, menant des projets de toutes sortes, selon un documentaire diffusé sur la chaîne française M6. Vaste sujet recadré en plusieurs reportages ponctués d'intermèdes chiffrés éloquents et de plusieurs faits accablants. Mise en cause pour avoir négligé des cellules djihadistes ayant fomenté des en Europe, Berlin est soupçonnée d'avoir fait preuve de laxisme. Du manque d'enquêteurs arabophones à l'éparpillement des centres de décision, l'Allemagne est considérée comme l'un des principaux points de chute de la mouvance djihadiste à l'échelle du Vieux-Continent. L'émission, toutefois, n'évoque pas le cas du Maroco-Allemand Mohamed Hajib, cet ancien terroriste condamné en 2010 à dix ans de réclusion pour terrorisme, après avoir été arrêté l'année précédente à la frontière pakistano-afghane. Cette sentence a été ramenée à cinq ans début 2012 et il a été libéré en 2017. Cet individu, qui vit actuellement en Allemagne, est connu pour ses grands récits virulents qui se déclinent sur deux registres : les références à la communauté des djihadistes, et l'appel à la violence, à perpétrer des attentats afin de lutter contre l'hérésie et l'impiété (kufr). Celui qui réclame 1,5 million d'euros de dommages et intérêts à Berlin pour avoir été expulsé vers le Maroc est réputé pour avoir été un des salafistes takfiristes très actifs dans les quartiers marginalisés. Naguère décrit comme proche des clercs locaux au savoir approximatif qui incitent à la violence urbaine, Mohamed Hajib, dans ses dernières vidéos sur YouTube, incite à «pourchasser le mal» dans le monde islamique à travers des injonctions violentes en citant Ayman al-Zawahiri, chef du réseau terroriste Al-Qaïda. Comment se fait-il qu'un pays comme l'Allemagne ne dispose pas de la liste et de la biographie des terroristes et extrêmistes agissant en Occident ? Tous les auteurs des attentats commis ou projetés en Europe sont sans cesse identifiés par la police, tandis que leur trajectoire est plus ou moins abondamment décrite par les médias. S'il n'y a pas besoin d'effectuer de longues enquêtes de terrain pour connaître le background des terroristes, le problème surgit quand il s'agit de travailler sur la raison qui pousse les autorités allemandes à permettre leur présence sur son territoire. La plupart des noms évoqués dans le reportage de la chaîne M6 sont passés par la case djihad, et ils ne sont pas n'importe qui, ne serait-ce que parce qu'il semble que (EI) fasse une sélection d'emblée entre ceux que cette organisation renvoie en Occident après formation et dont certains d'entre-eux appellent à participer à des attaques-suicides sur le terrain à travers des contenus accessibles sur Internet. Le profil de ces djihadistes n'est pas difficile à dresser. Ce sont tous des jeunes qui ont eu des démêlés avec la justice, avec un passé de délinquants. Ils sont fichés à la police et la plupart d'entre-eux ont connu des périodes d'emprisonnement plus ou moins longues. Ce en a fait des êtres à problèmes, qui circulent librement sur le territoire allemand.