En l'espace de deux ans, 277 importateurs de bovins et d'ovins ont bénéficié d'un régime fiscal préférentiel ayant entraîné un manque à gagner de 13,3 milliards de dirhams pour les finances publiques, selon un document officiel du ministère des finances. Ces mesures comprennent la suppression des droits de douane, l'exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ainsi qu'une subvention exceptionnelle de 237 millions de dirhams pour l'importation de 474 312 ovins en prévision de l'Aïd al-Adha 2024. Au total, 133 opérateurs ont bénéficié des exonérations appliquées à 120 000 bovins, tandis que 144 autres ont profité de celles portant sur les ovins. Or, en dépit de cet allègement fiscal d'une ampleur considérable, aucune inflexion notable des prix des viandes rouges n'a été constatée, soulevant des interrogations sur la finalité et la portée effective de ces dispositifs. La trésorerie publique marocaine a supporté une charge fiscale totale de 13,3 milliards de dirhams en raison des exonérations accordées à 277 importateurs de bovins et d'ovins, selon un document officiel du ministère des finances évoqué par Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition). Ce rapport, intitulé «Données et informations complémentaires requises par les groupes parlementaires à la Chambre des représentants», répond à une demande formulée en octobre 2024 par le Parti du progrès et du socialisme (PPS), dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances 2025. Le document détaille les coûts engendrés par ces allègements fiscaux, qui n'ont pas entraîné de baisse sensible des prix des viandes et des moutons destinés à l'abattage et aux sacrifices, soulevant des interrogations sur l'efficacité des mesures prises par le gouvernement. Exemptions fiscales liées à l'importation des bovins : 8,044 milliards de dirhams Entre octobre 2022 et octobre 2024, l'Etat a renoncé à plusieurs prélèvements fiscaux pour favoriser l'importation de 120 000 têtes de bovins : Suspension des droits de douane appliqués aux bovins domestiques, entre le 21 octobre 2022 et le 31 décembre 2024 : → 7,3 milliards de dirhams Exonération de la TVA sur ces importations, en vigueur du 3 février 2023 au 22 octobre 2024 : → 744 millions de dirhams Le nombre d'importateurs ayant bénéficié de ces allègements s'élève à 133. Exemptions fiscales liées à l'importation des ovins : 5,642 milliards de dirhams Les importations d'ovins entre février 2023 et octobre 2024 ont bénéficié des mesures suivantes : Exonération des droits de douane, appliquée du février 2023 au 18 octobre 2024 : → 3,86 milliards de dirhams Exonération de la TVA, en vigueur sur la même période : → 1,16 milliard de dirhams Nouvelle suspension des prélèvements douaniers et de la TVA sur les ovins entre le 19 octobre 2024 et le 31 décembre 2024, engendrant une perte budgétaire supplémentaire de : → 15,7 millions de dirhams (droits de douane) → 1,6 million de dirhams (TVA) Le nombre total d'importateurs ayant bénéficié de ces exonérations sur les ovins s'élève à 144. Subvention exceptionnelle pour l'Aïd al-Adha 2024 : 237 millions de dirhams Dans le cadre de l'approvisionnement du marché national à l'occasion de l'Aïd al-Adha 2024, l'Etat a accordé une subvention de 500 dirhams par tête pour chaque mouton importé. Nombre total de têtes de moutons importées : 474 312 Montant total versé sous forme de soutien aux importateurs : 237 millions de dirhams Une efficacité (très) contestée Malgré ces mesures destinées à contenir la flambée des prix des viandes rouges et à assurer un approvisionnement suffisant du marché national, aucune baisse significative des tarifs n'a été observée. Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah, à l'origine de la demande d'éclaircissements auprès du gouvernement, a remis en question l'efficacité de ces exonérations et subventions. Le débat demeure vif sur l'utilité de ces mesures et sur leur éventuelle captation par certains acteurs économiques, au détriment des consommateurs.