Chaque année, Amnesty International publie son traditionnel rapport sur la situation des droits de l'homme dans le monde. Elle vient de publier celui pour l'année 2012, un rapport qui n'est pas très flatteur pour le Maroc. L'ONG y pointe du doigt la violence utilisée par les forces de l'ordre lors des manifestations du 20 février en 2011 et le manque de liberté d'expression dans la presse. Alors qu'Amnesty International parle de crimes contre l'humanité en Syrie rappelant que 4300 personnes ont été tuées lors de manifestations et qu'en Tunisie 300 personnes sont mortes plusieurs semaines avant la chute de Ben Ali, l'ONG dresse un bilan peu flatteur pour le Maroc dans son rapport 2012. Elle insiste sur le fait que même si les manifestations du 20 février ont été autorisées et largement pacifiques, les forces de sécurité ont néanmoins fait usage d'une force excessive contre les manifestants. Ammari, Niny, Moumny et Belghouat Le document rappelle que les manifestations qui ont été les plus sévèrement réprimées sont celles du 15 mai à Fès, Tanger et Témara. Les forces de sécurité n'ont pas hésité à frapper à coups de pied et de poing les manifestants. Ensuite, il y a eu celle du 29 mai à Safi durant laquelle un manifestant Kamel Ammari est mort suite à ses blessures. Puis le troisième évènement le plus durement réprimé est celui du 20 novembre lorsque des forces de sécurité ont attaqué et battu des membres de l'Association marocaine des droits humains qui s'apprêtaient à organiser une manifestation à Bou-Arafa. D'autre part, l'ONG rappelle également que 2011 a été une année très dure pour la liberté d'expression et que les journalistes risquent toujours d'être poursuivis et emprisonnés s'ils critiquent publiquement les autorités ou s'ils s'attaquent à des sujets «politiquement sensibles». Ainsi, le rapport cite le nom des personnes qui ont subi de plein fouet l'ire des autorités comme Kaddour Terhzaz, un militaire de haut rang à la retraite qui a été envoyé en prison après avoir envoyé un courrier au roi dans lequel il réclamait une meilleure situation pour les anciens pilotes de l'armée de l'air. Les journalistes Chakib El Khiari et Rachid Niny, le boxeur Zakaria Moumny et le rappeur Mouad Belghouat sont également cités. Dossier du Sahara Une partie du rapport est également consacrée à la situation des droits de l'Homme au Sahara. «Les autorités continuaient de restreindre l'exercice de la liberté d'expression, d'association et de réunion des Sahraouis partisans de l'autodétermination du Sahara occidental», souligne Amnesty International. L'ONG évoque également les 23 Saharaouis qui sont toujours à l'heure actuelle emprisonnés à Salé «dans l'attente d'un procès inéquitable devant un tribunal militaire pour leur participation présumée à des violences à la fin de 2010 dans le campement de protestation de Gdim Izik, non loin de Laayoune». Des protestations qui avaient entraîné la mort de 13 personnes, dont 11 membres des forces de sécurité. Dans le rapport, le Polisario en prend également pour son grade. Amnesty International dénonce également une inertie chez ses dirigeants qui n'ont jamais puni et condamné les personnes accusées d'avoir commis des atteintes aux droits humains dans les années 70-80 dans les camps de Tindouf que le Polisario est censé contrôlé. L'ONG rappelle aussi qu'en octobre dernier, trois employés d'associations humanitaires, deux Espagnols et une Italienne ont été kidnappés par un groupe armé dans un camp de réfugié contrôlé par le Polisario.