En 2010, «la situation des droits humains au Maroc et au Sahara occidental était mitigé, voire médiocre à certains égards», constatait Human Rights Watch (HRW) dans son rapport 2011. Dans celui de 2012, l'organisation internationale parle d'un «bilan décidément mitigé» et invite le Maroc à mettre en œuvre les dispositions de la nouvelle constitution. «Les autorités marocaines ont été admirées à l'étranger pour leur réponse positive aux manifestations de rue et au printemps arabe, qui s'est traduite par des promesses de réformes, par l'adoption d'une nouvelle constitution et par la tenue d'élections anticipées. Mais l'année 2012 révélera si ces promesses signifieront de réels progrès dans les droits humains – notamment la fin des emprisonnements injustes de personnes critiquant le gouvernement de façon pacifique – ou bien s'il ne s'agissait que de promesses en l'air.» C'est le défi lancé par Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, qui vient de publier ce dimanche 22 janvier, son rapport 2012, sur l'état des droits humains dans le monde. L'ONG basée à New York est revenue sur les principaux événements ayant marqué l'année 2011 dans le royaume. Le décès à Safi du jeune militant du Mouvement du 20 février, Kamal Ammari, la détention du journaliste Rachid Niny, le cas du boxeur Zakaria Moumni, ainsi que les différentes mesures prises par le pouvoir pour calmer la grogne populaire ont été passés au peigne fun dans le rapport 2012 de HRW. 2012, année test Pour cette ONG fondée en 1978, la nouvelle constitution marocaine approuvée en juillet 2011 contient «d'importantes garanties en matière de droits humains» mais ces amendements tardent encore à «améliorer le bilan décidément mitigé du Maroc en matière de droits humains». HRW observe qu'il est «rare que les tribunaux soient le théâtre de procès équitables dans les affaires ayant des connotations politiques». Selon Sarah Leah Whitson, le gouvernement Benkirane, devrait pour commencer, «abroger les dispositions du code pénal et du code de la presse qui l'autorisent à requérir des peines de prison pour les cas d'expression non violente, y compris les critiques de la monarchie, de l'islam ou des revendications de souveraineté sur le Sahara occidental exprimées par le Maroc.» De même, les autorités sont appelées à garantir la liberté de rassemblement – pas seulement de temps en temps, mais de façon constante, et quelle que soit la raison du rassemblement. La mise en liberté, en avril dernier de trois Saharaouis- Ali Salem Tamek, Brahim Dahane et Ahmed Naciri- accusés d'atteinte à la sureté intérieure en 2009 constitue une note assez positive pour le Maroc, dans ce rapport qui constate qu'il y a eu en «2011 moins d'informations que les années précédentes» sur la pratique de tortures et de détentions secrets dans les officines de renseignement. Toutefois, les nombreux détenus salafistes «condamnés lors de procès injustes» doivent être rejugés. «La nouvelle constitution, estime HRW, avec ses promesses d'une justice indépendante, devrait se traduire par un réexamen judiciaire indépendant de leurs condamnations»….