Pas de répit pour les Français de confession musulmane. Même en plein entre-deux tours de l'élection présidentielle, ils se retrouvent au cœur d'une nouvelle polémique. L'UMP accuse 700 mosquées d'avoir donné des consignes de vote à leurs fidèles en faveur de François Hollande. La Fédération Nationale des Musulmans de France rejette ces accusations. Tout commence le vendredi 20 avril dernier, dans la rédaction de Marianne, un journal proche de la gauche, deux jours avant le premier tour des élections. Un article publié révèle que 700 mosquées en France «devraient se mobiliser en faveur du candidat socialiste» et affirme que certains imams ont donné des consignes de vote aux fidèles pour élire François Hollande. Laïcité versus consigne de vote Un article qui crée la colère chez l'UMP qui publiera cette semaine un communiqué de presse accusant les imams de favoriser un vote communautaire. «L'islam, comme toute religion, n'a en effet pas pour rôle de s'immiscer dans le débat politique français. Lorsque des imams appellent à se prononcer pour un candidat, c'est une transgression insupportable du principe de laïcité et du vivre-ensemble sur le territoire de notre République.», précise le document. Néanmoins, un article du Figaro publié ce jeudi 26 avril met les points sur les «i». D'après lui, les imams de ces mosquées visées ont seulement «lancé un appel citoyen pour un vote massif halal», à voter «contre l'islamophobie et la stigmatisation» et encourager les musulmans d'exercer leur droit de vote mais n'ont pas donné véritablement de consigne de vote. «Le seul appel explicite à voter pour le candidat socialiste a été délivré à Puteaux (Hauts-de-Seine) par des militants du Front des banlieues indépendantes. Leur consigne : «Voter utile, c'est-à-dire François Hollande».» a précisé le journal. Sarkozy a peur du vote des musulmans ? Mais chez certains représentants des musulmans de France, la pilule a du mal à passer. «Lorsque les musulmans de France ne votent pas, on leur dit qu'ils ne veulent pas s'intégrer et qu'ils ne se sentent pas citoyens français, et lorsqu'on vote, on nous reproche de voter. Je ne comprends pas ! », lance Merzak el-Bekkay, vice-président de la Fédération Nationale des Musulmans de France qui est en contact avec près de 250 mosquées partout en France. «Nous, au sein de la Fédération, on a insisté auprès des musulmans à ce qu'ils aillent voter mais on ne leur a pas dit de voter pour tel candidat. Ils sont majeurs et sont libres de choisir pour qui ils veulent voter. La preuve est que je connais de nombreux musulmans qui ont voté pour Le Pen», insiste-t-il. Marwan Muhammad porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) accuse Nicolas Sarkozy d'une part, d'utiliser cette polémique pour récupérer les voix de l'électorat du Front National mais également d'avoir peur de l'électorat musulman. «Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, le CCIF a enregistré une explosion d'actes islamophobes. J'aurais aimé qu'il puisse plutôt s'exprimer à ce sujet. Durant 5 ans, il a gouverné la France avec brutalité, il perdra dans la honte» poursuit Marwan. «C'est pour cela que je conseille à tous les musulmans de relever la tête, d'aller voter et d'être présent à ces élections sans leur donner de consigne de vote particulière pour que leur vote serve de caisse de résonance», ajoute-t-il. De son côté, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil Français du Culte Musulman a mis un terme à cette polémique précisant qu'il n'avait aucune information sur ces consignes de vote dans les mosquées. Il a rappelé par la même occasion que «les mosquées et les institutions religieuses doivent observer la stricte neutralité à l'égard des candidats dans le respect des principes de laïcité».