Week-end bien chargé pour l'équipe de Nicolas Sarkozy qui met le paquet à cinquante jours du premier tour des élections présidentielles afin de rattraper son retard dans les sondages face à son rival socialiste François Hollande. D'après un sondage LH2/Yahoo paru hier dimanche 4 mars, Nicolas Sarkozy récolte 23% des intentions de vote contre 30.5% pour François Hollande. Sept points d'écart à rattraper à tout prix pour le Président sortant, quitte à faire de la surenchère politique en mettant au devant de la scène des sujets tels que l'immigration, le halal et la laïcité, des sujets de prédilection du Front National. Drôle de déclaration ce matin de Claude Guéant sur RTL. Il a affirmé qu'il ne faisait aucune «obsession sur l'Islam» mais qu'il récusait «complètement le communautarisme». Pourtant ce week-end, ses propos et ceux de Nicolas Sarkozy ne visaient que les Musulmans. Amalgame C'est d'ailleurs Claude Guéant qui a ouvert le bal des propos chocs vendredi dernier 2 mars lors d'une réunion UMP à Nancy alimentant ainsi la polémique sur la viande halal créée par Marine Le Pen il y a maintenant trois semaines. «Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la présence de la nourriture halal dans les repas de la cantine», a déclaré le ministre de l'Intérieur. En une seule phrase, Claude Guéant fait l'amalgame de deux problématiques : le droit de vote des étrangers et la nourriture halal. Des propos dénoncés tout au long du week-end dernier par des représentants d'autres partis politiques. «On ne peut pas être ministre de l'Intérieur de la République et tenir des propos xénophobes.» a lancé Marie-Georges Buffet du Parti Communiste français. «Ces propos sont un leurre qui vise à exciter la France et à exciter les peurs», a déclaré de son côté François Bayrou. Interrogée par le Figaro, Rachida Dati membre de l'UMP a également réagi aux déclarations de Claude Guéant sur la viande halal. «Les Français de confession musulmane sont des citoyens comme les autres. Aucun établissement scolaire public en France n'a de «cantine halal» aujourd'hui.», insiste-t-elle à dire. Puis samedi 3 mars, c'est le Président Nicolas Sarkozy qui enfoncera le clou lors d'un meeting à Bordeaux. Alors que le 20 février dernier, il considérait que la polémique sur la viande halal «n'avait pas lieu d'être», il a déclaré vouloir mettre en place l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage. Puis, il s'est attaqué à la laïcité «Quant aux cantines scolaires, elles sont tenues au principe de la laïcité, je m'opposerai à toute évolution allant dans un sens contraire», a-t-il expliqué avant d'ajouter : «La laïcité, c'est un principe de respect de toutes les croyances. C'est une affaire de civilisation, la nôtre. Cette exigence civilisatrice permet à chacun d'être libre. Nul ne peut imposer ses modes de vie, ses traditions, au nom de ses convictions religieuses.», n'hésitant pas à reprendre les termes «civilisations» rappelant les propos de Claude Guéant le 7 février dernier qui avait déclaré que «toutes les civilisations ne se valent pas». De son côté, le candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, a déploré ce matin la "surenchère" politique sur la polémique de la viande du halal. «Je pense que ce n'est pas aujourd'hui le sujet sur lequel nous devons débattre. Ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de problème, ça veut dire que ce problème devra être réglé avec le souci de la concertation et de la sécurité alimentaire, c'est le seul débat», a-t-il déclaré à Reuters. Chez les Musulmans, le CFCM continue de briller par son silence et n'a pas condamné les propos de Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. La seule instance à l'avoir fait est l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis. Celle-ci a réclamé que Nicolas Sarkozy envoie des signes positifs à la communauté musulmane de France lors de son prochain meeting de Villepinte ce samedi. «s'il rate ce rendez-vous, il lui sera difficile de récupérer le vote des musulmans», a déclaré l'association.