Le duel du mercredi soir a été l'occasion pour les deux candidats, Nicolas Sarkozy et François Hollande, de clarifier les points d'ombre de leur programme avant le second tour, dimanche 6 mai. Cependant, difficile de proclamer un vainqueur à l'issue de cette confrontation. François Hollande et Nicolas Sarkozy lors du débat de mercredi soir. Plus de 17 millions de téléspectateurs ont suivi ce duel de l'entre-deux-tours. Le débat de mercredi soir a été l'occasion pour Nicolas Sarkozy et François Hollande de détailler leur programme respectif aux Français mais aussi d'étaler leurs divergences. Dix-sept millions de personnes ont suivi ce débat devant leur petit écran. Les téléspectateurs ont assisté, mercredi, à de virulents échanges entre les deux candidats. Un duel auquel tout le monde s'attendait. Le ton a été donné dès le début de la confrontation : crise économique, perte du triple A par la France, immigration, nucléaire ou encore politique étrangère. Le candidat du Parti socialiste, François Hollande, a pilonné le président sortant sur son bilan. Mais, Nicolas Sarkozy, battu dans les sondages par son adversaire, s'est résolu à jouer le tout pour le tout. Concernant le chômage, « vous aviez promis 5 %, on en est à 10 % », a lancé François Hollande. « Plusieurs crises d'une violence inouïe étaient passées par là », a répliqué le chef de l'Etat français pour défendre son bilan. Après un rapide survol des questions européennes, au cours duquel Nicolas Sarkozy s'est posé comme celui qui avait « évité l'effondrement de la Grèce » et « l'implosion de l'euro ». « Quand je me juge, je m'inquiète, quand je me compare, je me rassure », a déclaré le candidat de l'UMP. Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à traiter son adversaire de menteur. « Dans votre volonté de démontrer l'indémontrable, vous mentez », a affirmé Nicolas Sarkozy. Déstabilisation Alors que le chef d'Etat français s'attendait plutôt à voir le candidat socialiste déstabilisé, ce dernier est néanmoins resté serein et a plutôt montré qu'il était à la hauteur sur tous les sujets abordés lors du débat qui a duré près de trois heures. Multipliant les attaques, Nicolas Sarkozy a évoqué DSK. « Je ne peux pas recevoir de leçons d'un parti qui était prêt à se rassembler autour de Dominique Strauss-Kahn », a-t-il encore lancé dans sa tentative de déstabilisation. Les hostilités ont ensuite porté sur la question de l'immigration. Le candidat de l'UMP a défendu son projet de réduction de l'immigration légale. François Hollande a réclamé plus d'humanité et réaffirmé ses positions par rapport à la laïcité, la burqa ou encore la viande halal. Pour rappel, 30% des étrangers vivant légalement sur le sol français sont originaires du Maghreb. Concernant le vote des étrangers venant de pays en dehors de l'Union européenne aux élections locales, les deux candidats ont campé sur leurs positions. « Cela existe d'ailleurs dans la plupart des pays européens », a souligné le socialiste en faveur de cette mesure. À qui profite le débat ? Le candidat de l'UMP a, quant à lui, dénoncé l'irresponsabilité d'une telle mesure qui, selon lui, va entraîner la recrudescence du vote communautaire. Sur la politique étrangère, l'Afghanistan, les otages français et l'Afrique, dont il a très peu été question depuis le début de la campagne présidentielle, ont constitué le reste du débat. Et, enfin, les deux candidats ont donné leur conception de la fonction de président de la République. « Moi, président de la République, je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision », a souligné le candidat socialiste François Hollande. « Le président de la République, c'est quelqu'un qui assume ses responsabilités, qui doit être profondément engagé. Il n'a pas le droit de dire qu'il ne peut pas, qu'il ne veut pas », a pour sa part affirmé le président sortant Nicolas Sarkozy. Cependant, difficile de proclamer un vainqueur à l'issue de cette confrontation. Toutefois, l'absence de domination de la part de Nicolas Sarkozy profite amplement à son adversaire. Et les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour Jean-Luc Mélenchon, François Hollande a bien « scotché » Nicolas Sarkozy. François Baroin, le ministre de l'Economie et des Finances, a trouvé le président candidat « très supérieur sur la forme et sur le fond », et a estimé que le débat de mercredi soir allait « convaincre ceux qui ont pu se laisser entraîner au premier tour dans une forme d'anti-sarkozysme primaire ».