Le camp du président Nicolas Sarkozy est en train de mettre de l'eau dans son vin après la très vive opposition des organisations musulmanes au débat sur l'Islam, prévu le 5 avril. Après Jean-François Copé,qui a abandonné son idée d'interdire les prêches en arabe, c'est au tour du Claude Guéant d'arrondir les angles. Le ministre de l'Intérieur tente de rassurer les musulmans de France sur ce débat polémique dont la nécessité est chaque jour plus difficile à démontrer. La montagne va une nouvelle fois accoucher d'une souris. Le débat sur l'islam que va tenir l'UMP se vide peu à peu de toute substance. Les différentes mises au point des lieutenants de Sarkozy le confirment. Dernière sortie en date, l'entretien de son ministère de l'Intérieur, Claude Guéant, dans l'édition de mercredi 16 mars par le quotidien le Monde. Prêches en arabe, laïcité et prières de rue L'ancien conseiller de Sarkozy a essayé de rassurer les croyants de la deuxième religion de France. Il ne sera pas question, lors de ces débats, d'interdire les prêches en arabe. «Il est constitutionnellement impossible d'interdire le prêche en arabe», car «on n'interdit pas les messes en portugais ou en hébreu dans les synagogues», a précisé Claude Guéant. Sur ce point, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, change de cible : il veut à présent que les rappels d'avant prêches «soient en français» et non plus les prêches eux mêmes En ce qui concerne la laïcité, «même si des coups de pouce publics prévus par la loi» sont possibles pour aider au financement des lieux de culte musulmans, il n'est «pas question» de toucher à la loi sur la laïcité, a répété au Monde Claude Guéant. Pour ce qui est des prières de rue du vendredi, le ministre pense que ce sont les «médias» qui aident à en faire une préoccupation de «tous les Français», alors que «peu d'entre eux voient, par exemple, des prières dans la rue». Doit-on comprendre par là que c'est une question qui ne mérite pas débat ? Claude Guéant reste en tout cas loin du Front National de Marine Le Pen avec son fameux parallèle entre ces prières et «L'Occupation de la France par les Nazis». Un débat nécessaire ? Ces précisions réjouissent le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur qui dit être à «200% avec le ministre». Il trouve «sain» ce débat si cher à Nicolas Sarkozy. Pourtant, les propos de Claude Guéant poussent davantage à se demander quelle est l'utilité de ces discussions. Si la loi sur la laïcité n'est pas modifiable, que les prêches en arabe du vendredi sont intouchables, et que les prières dans la rue ne dérangent plus, à quoi servira ce débat ? Pour Claude Guéant, certaines pratiques à l'hôpital ou dans les salles de sport, la viande hallal dans les cantines scolaires ou encore le port du voile par les collaborateurs occasionnels du service public, par les parents-accompagnateurs de sorties scolaires ou les personnels de crèche restent des «fondamentaux» qu'«il faut clarifier». Si ces questions peuvent être clarifiées, constituent-elles des «fondamentaux» à même de mobiliser tout un camp présidentiel autour d'un débat déjà perçu comme «stigmatisant» les musulmans de France ?