Depuis que Marine Le Pen est aux commandes, Nicolas Sarkozy semble être atteint d'insomnie et d'angoisse. Lorsqu'il avait affaire à son père, Jean-Marie, Nicolas Sarkozy pouvait se prévaloir d'une sorte d'immunité naturelle. Jamais les Français ne confieraient leur destin à un homme qui avait si scandaleusement flatté leurs instincts les plus bas. L'union sacrée qui s'est faite autour d'un Jacques Chirac, pourtant essoufflé, pour lui barrer le route de l'Elysée, en était l'illustration éclatante. Mais depuis que Marine Le Pen est aux commandes, Nicolas Sarkozy semble être atteint d'insomnie et d'angoisse. C'est que la fille de son père, grande gueule bâtie sur une jolie frimousse, à la voix rauque presque masculine à force d'être tabagique, crève les plateaux et attire les lumières. Avec le même méchant discours d'exclusion, la même volonté d'exister et de reconquérir, Marine Le Pen donne un coup de jeune à la galaxie de l'extrême droite. Nicolas Sarkozy semble avoir pris conscience de cette réalité à l'aube de son mandat. D'où sa volonté de lancer un débat sur l'identité nationale dont l'objectif presque avoué était de chasser sur les terres du Front National pour l'empêcher de profiter de la conjoncture de crise, de renaître et se renforcer. Ce débat était si maladroitement mené par l'ancien ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, le néo UMP Eric Besson, qu'il avait abouti à l'effet contraire. Les thématiques de l'extrême droite ont été remises au goût du jour, validées par un débat institutionnel. Apres avoir constaté les dégâts au sein de sa propre majorité , Nicolas Sarkozy dut éteindre à regret les feux de la jubilation identitaire perçue à l'époque comme une gigantesque entreprise à produire de la xénophobie. Mais sa volonté de séduire le bas de laine du Front Nationale était restée intacte. Car à peine Marine Le Pen, dans sa recherche effrénée à dénicher des coups médiatiques, avait pointé l'image envahissante des musulmans qui prient dans la rue que le président de la République, suivi cette fois par l'UMP sous la houlette de Jean-François Copé, propose un débat sur l'Islam au sein de la République. Contrairement au débat sur l'identité nationale, le débat sur l'Islam provoqua immédiatement les quolibets de l'opposition qui dénonce cette opération de charme à l'encontre de l'électorat de l'extrême droite. Il eut le mérite aussi de susciter des réactions de refus fortes au sein même de la majorité. Ainsi des voix imposantes ont exprimé leur opposition à ce qui s'apparente à une dangereuse opération de stigmatisation des musulmans de France. Devant ce qui ressemble au début d'une fronde, l'intitulé a changé de «débat sur l'Islam» à débat sur la laïcité. Marine Le Pen poursuit Nicolas Sarkozy de sa vindicte. Non seulement elle donne cette impression de lui imposer son propre agenda, mais elle le harcèle de critiques sur le déficit de sa politique sécuritaire. Pour elle, Nicolas Sarkozy joue de la mandoline. La nomination de Claude Guéant au ministère de l'Intérieur ne changera rien à la donne. L'homme, dit-elle, était en charge du dossier depuis neuf ans aux cotés de Nicolas Sarkozy. Au fil de ses interventions, Marien Le Pen, s'impose comme le cauchemar éveillé de Nicolas Sarkozy. Elle avait publiquement refusé de signer le moindre accord avec Nicolas Sarkozy, l'UMP ou la majorité. À mesure que la présidentielle s'approche, plus elle persiste dans son refus et monte les enchères, plus le président de la République se trouve dans l'obligation de radicaliser son approche pour devenir le Monsieur tout sécuritaire et totalement anti-immigration.