La campagne présidentielle bat son plein dans l'hexagone. L'actuel chef de l'Etat français, candidat à sa propre réélection, Nicolas Sarkozy, est en personne aux commandes de l'inauguration prochaine d'un mémorial consacré aux tirailleurs sénégalais, marocains ou encore tunisiens. Après des déclarations polémiques visant l'islam de la part de son ministre de l'Intérieur Claude Guéant, le président part-il à la conquête des votes des Français musulmans ? Au mois de mars prochain à Paris, une stèle à la mémoire des «combattants musulmans tombés pendant la guerre de 1914-18» va être érigée à la Grande mosquée, a indiqué au Nouvel Observateur, le recteur Dalil Boubakeur. Elle sera selon l'hebdomadaire Français, «le premier élément d'un mémorial plus vaste, en l'honneur des musulmans morts lors des deux conflits mondiaux». Un vœu cher à Nicolas Sarkozy … Environ 100 000 soldats musulmans ont perdu la vie pour défendre la France pendant les deux guerres mondiales, sur un total de 600 000 venus du Maghreb, d'Afrique noire et de Madagascar. Selon des précisions de l'historien français Jean-Jacques Becker, 38 200 maghrébins originaires du Maroc, d'Algérie et de Tunisie, seraient morts ou portés disparus lors de la 1ère guerre mondiale (1914-1918). Selon les propos de Salah Bellouti, président des enfants d'anciens combattants français musulmans, c'est le président français Nicolas Sarkozy qui a «souhaité» lui-même «qu'un tel lieu de recueillement voie le jour». «Il tient absolument à être présent, avec le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, lors de l'inauguration», rajoute Bellouti. Une deuxième stèle pour les musulmans tués lors de la Seconde Guerre devrait être apposée après l'élection présidentielle. Pour celle-là, le mystère demeure quant à son inauguration par le futur vainqueur de la présidentielle française. Ou une stratégie purement électoraliste ? «… Cette stèle est la bienvenue à un moment où les musulmans font l'objet d'une stigmatisation», s'est réjoui Dalil Boubakeur. Faut-il partager l'enthousiasme du recteur de la Grande Mosquée de Paris ? Pour sûr en pleine campagne présidentielle, l'inauguration prochaine de cette stèle sonne comme «un symbole fort à l'adresse de la communauté musulmane». La pilule reste amère chez les musulmans à l'évocation des propos jugés «islamophobes» du bras droit de Sarkozy et par ailleurs ministre de l'intérieur Claude Guéant pour qui, «l'augmentation du nombre de fidèles musulmans pose problème, en plus du deux tiers des échecs scolaires dus à l'échec des enfants d'immigrés». Les musulmans possédant la nationalité française possèdent un droit de vote à prendre fortement en considération. Lors des présidentielles de 2007, le Nouvel Observateur rapportait dans ses colonnes que «Les Français musulmans ont très majoritairement voté pour Ségolène Royal, selon un sondage... réalisé dimanche 22 avril 2007 par l'institut CSA-CISCO pour La Croix». Seulement 1 % de ces électeurs de confession musulmane avaient choisi Nicolas Sarkozy. Cinq ans et un mandat plus tard, ce dernier se réclame «le candidat du peuple de France» et semble avoir réalisé la nécessité de courtiser cet électorat qui pourrait nettement faire pencher la balance en faveur de son rival socialiste et camarade de parti de Ségolène Royal, François Hollande.