François Hollande a souligné jeudi plusieurs points de convergence avec le centriste François Bayrou, qui a selon lui compris la «fuite en avant» de Nicolas Sarkozy sur le terrain des idées du Front national. Marine Le Pen, pour sa part, a demandé jeudi à Nicolas Sarkozy et à Jean-François Copé une réponse claire sur ce que l'UMP ferait en cas de duel entre des candidats du PS et du Front national aux élections législatives de juin. Le président sortant, quant à lui cherche à rétablir les contrôles aux frontières nationales en cas de défaillance à une frontière extérieure de l'espace Schengen. Le président du MoDem, qui a recueilli 9,13 % au premier tour de l'élection présidentielle, a écrit aux finalistes Nicolas Sarkozy et François Hollande pour poser ses conditions avant d'apporter à l'un ou à l'autre un éventuel soutien. Le candidat centriste a semblé prendre ses distances avec le président sortant, qu'il a accusé de «valider» les thèses du Front national. «Il a compris que l'attitude de Nicolas Sarkozy était une vraie fuite en avant, c'est-à-dire une course derrière les thèses du Front national et qu'il y a des limites à poser», a dit François Hollande sur France Info. Le candidat socialiste a souligné par ailleurs des points de convergence programmatique avec le dirigeant centriste, notamment en matière de défense de l'éducation nationale et du modèle social français. «Il rappelle, et il a raison, le programme du Conseil national de la Résistance qui nous fait obligation, encore aujourd'hui, plus de 60 ans après», a dit François Hollande. Contrairement à ce que demande François Bayrou, François Hollande ne souhaite pas modifier la Constitution pour y introduire une «règle d'or» budgétaire. Il dit le rejoindre en revanche sur le thème de la moralisation de la vie politique, pour lequel François Bayrou propose un référendum. En matière «d'exemplarité de l'Etat, je ferai voter une loi, le Parlement en décidera, qui intégrera tous ces points, y compris la parité», a dit François Hollande. «Le référendum ne sera décidé que s'il n'y a pas une majorité qui s'est dégagée au Parlement», a-t-il précisé. Le Pen sollicite l'UMP Marine Le Pen a demandé jeudi à Nicolas Sarkozy et à Jean-François Copé une réponse claire sur ce que l'UMP ferait en cas de duel entre des candidats du PS et du Front national aux élections législatives de juin. La présidente du Front national, qui doit annoncer sa position personnelle pour le second tour le 1er mai, a ainsi laissé la porte ouverte à une consigne de vote, alors que les cadres de son parti évoquaient jusque-là un vote blanc. «En cas de duel entre un Front national et un socialiste, est-ce que l'UMP et le président préfèrent faire élire un député mariniste ou un député socialiste?», s'est-elle interrogée sur RTL. «Je n'ai toujours pas de réponse à cette question et je l'attends (...) Si je pose des questions (...) c'est que j'attends des réponses», a-t-elle ajouté. Nicolas Sarkozy, qui a souligné que l'UMP aurait «des candidats partout», a estimé que la question de duels PS/FN ne se posait pas et a rappelé à l'ordre les membres de sa majorité qui ont fait savoir, comme l'ancienne ministre des Sports Chantal Jouanno, qu'ils voteraient socialiste dans de tels cas. Il a indiqué que tous les candidats de l'UMP en position de se maintenir au second tour des législatives le feraient, même s'ils arrivaient derrière ceux du FN et du Parti socialiste. «C'est un piège dans lequel je ne tomberai pas, les candidats aux législatives se maintiendront pour que les électeurs de l'actuelle majorité se retrouvent dans leurs candidats», a-t-il répété jeudi sur France Inter, en réponse à la question de Marine Le Pen. «A ceux qui disent ‘il faudrait voter socialiste', je dis, ‘ça ne vous intéresse pas la personnalité du candidat si c'est Monsieur Guérini ou si c'est Monsieur Strauss-Kahn?», a-t-il ajouté. «Toutes les positions idéologiques sont ridicules, le problème ne se pose pas, nous maintiendrons nos candidats.» Marine Le Pen, troisième à l'issue du premier tour, dimanche, avec 17,9% des voix, a par ailleurs dénoncé jeudi le «mépris profond» affiché d'après elle par l'ensemble de la classe politique à l'endroit de son électorat. «Le fait, en toutes circonstances, de dire que ce vote est la conséquence d'une désespérance, d'une souffrance, d'une colère, c'est n'avoir strictement rien compris à ce vote», a-t-elle dit. «Le vote qui s'est prononcé sur moi est un vote d'espérance, c'est un vote d'adhésion.» Sarkozy entend des voix Lancé à la conquête des suffrages de l'extrême droite, le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy va presser jeudi ses partenaires de l'UE d'accepter la fermeture des frontières nationales en cas de forte pression migratoire, mais cette requête suscite beaucoup de réserves. «Les Français ne veulent plus d'une Europe passoire. C'est le message que j'ai entendu», a-t-il affirmé lundi, au lendemain du premier tour marqué par un score très élevé de la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen «Si l'Europe ne peut pas défendre ses frontières, la France le fera», a-t-il martelé. «L'Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c'est fini», a-t-il lancé au cours d'une réunion électorale. Le ministre de l'Intérieur ,Claude Guéant, va défendre cette position jeudi lors d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg. Il va réclamer la possibilité de rétablir des contrôles aux frontières nationales pendant un mois en cas de défaillance à une frontière extérieure de l'espace Schengen et de prolonger cette mesure si nécessaire. L'Allemagne soutient cette demande exprimée dans une lettre commune cosignée par le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich.