Les intervenants lors d'une visioconférence, sous le thème "Comment agir maintenant pour faire de l'économie bleue un pilier de croissance du nouveau modèle de développement du Maroc", ont plaidé en faveur d'une nouvelle économie bleue marocaine durable et inclusive. Initiée par l'Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre (AESVT-Maroc), en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll, cette rencontre a permis aux différents acteurs concernés de débattre de l'état d'avancement des stratégies adoptées en la matière et de formuler des recommandations visant la préservation du littoral et de ses ressources. Elle a constitué aussi une opportunité idoine pour contribuer à la préservation et à la valorisation du capital maritime marocain, faire connaître et valoriser la richesse halieutique et sensibiliser sur l'importance de l'économie bleue en tant que pilier du nouveau modèle de développement du Maroc. S'exprimant à cette occasion, la secrétaire générale du département de la pêche maritime, Mme Zakia Driouich, a souligné que cette rencontre permet de se pencher sur les perspectives de l'économie bleue en cette conjoncture exceptionnelle pour construire un avenir plus inclusif, sûr, durable et soutenable, en termes de santé, d'éducation, de développement, d'indépendance économique et commerciale et de sécurité alimentaire, ainsi que de sauvegarder l'environnement et tout particulièrement l'environnement marin. Pour ce qui est de la pêche maritime, les principes de l'économie bleue ont été intégrés dans la stratégie de développement et de modernisation Halieutis, a-t-elle relevé, notant que le succès d'une politique publique des pêches ne peut être possible sans la conservation des écosystèmes marins et une gestion durable du secteur de la pêche maritime. Dix ans après le lancement de la stratégie Halieutis, de profondes mutations ont été opérées dans le secteur, tant au niveau environnemental, social et économique, de même nous avons renforcé les moyens de la recherche halieutique, pour faire de l'Institut National de Recherche Halieutique un outil de suivi et de production d'avis scientifiques permettant de soutenir les mesures de gestion mises en place, a expliqué la responsable. Pendant la période 2010-2020, la production nationale halieutique a augmenté de 28 PC en volume et de 75 PC en valeur, cette valeur ajoutée créée par le secteur a doublé les exportations, a-t-elle précisé, indiquant que ces réalisations démontrent le rôle que peut jouer la pêche en tant que moteur de l'économie bleue au Maroc et la nécessité de l'intégrer dans le nouveau modèle de développement. Selon Mme Driouich, la sécurité alimentaire sera au cœur des préoccupations futures, avec la pêche et l'aquaculture dont le potentiel de développement est très important, le Maroc pourra anticiper les grands défis de demain, ajoutant que le Royaume s'est doté d'un certain nombre d'instruments et de mécanismes sur lesquels il pourra s'appuyer, notamment la stratégie nationale du développement durable, la loi sur le littoral, la stratégie sectorielle de la pêche… Il s'agira d'assurer une meilleure valorisation des produits de la mer, de s'engager vers le développement d'une aquaculture écoresponsable, de favoriser l'approche écosystémique des pêches, et plus généralement l'économie circulaire. Pour accélérer ce processus, le Maroc s'est doté d'un cadre de coopération et d'action très important, à savoir l'initiative de la ceinture bleue, en tant que plateforme collaborative, d'action et de solutions innovantes, a-t-elle expliqué. Le Maroc qui dispose de deux façades maritimes, a mis en oeuvre un plan cohérent de développement dans le cadre de l'économie bleue, créateur d'emploi et de croissance inclusive, a-t-elle dit, appelant à mettre en place une gouvernance de l'océan à même de garantir la mise en oeuvre de l'économie bleue et de ses principes. De son côté, le Secrétaire général du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Younes Benakki, a indiqué que l'économie bleue constitue un enjeu stratégique pour le Royaume, notant que le CESE est convaincu que l'économie bleue se veut un véritable moteur de développement socio-économique et l'un des piliers pour le nouveau modèle de développement au Maroc. Le rapport adopté par le Conseil sur l'économie bleue met à la disposition des décideurs, acteurs et parties prenantes une réflexion stratégique sur le capital maritime et le milieu marin, avec une analyse des atouts, des contraintes, des opportunités et des menaces, outre la proposition d'une ligne directrice et des recommandations opérationnelles pour la mise en place d'une stratégie nationale de l'économie, a-t-il relevé. Le rapport du CESE a mis en avant le consensus des différents acteurs sur le potentiel énorme de la richesse halieutique du Maroc et souligné l'urgence de converger les efforts des acteurs étatiques et non étatiques pour accélérer une transition réussie vers l'économie bleue et ainsi répondre aux besoins pressants, tout en respectant les principes de bonne gouvernance et de gestion durable des ressources et des écosystèmes, a fait observer M. Benakki. Dans la dernière étape de diagnostic, le CESE s'est intéressé à un point nodal de l'économie bleue, à savoir la question de la gouvernance, pour parvenir à la préservation de l'espace marin, sa valorisation et son exploitation durable et inclusif, a-t-il souligné. Selon le secrétaire général, la transition vers une économie bleue requiert dans le même sens un leadership de plus haut niveau afin d'assurer les fonctions de coordination et d'arbitrage pour des interventions convergentes et efficaces des différents secteurs productifs. Pour sa part, le président de l'AESVT-Maroc, président de la commission chargée des affaires de l'environnement et du développement durable du CESE, Abderrahim Ksiri a relevé que le Maroc avec ses deux façades maritimes, sa richesse halieutique et ses ressources énergétiques, jouit d'un capital maritime important. Dans ce sens, il a mis en avant les opportunités de développement dont dispose le Maroc, permettant de soutenir une économie bleue résiliente et inclusive et pour se transformer en un hub maritime connecté au monde et intégré à l'Afrique. Riche de son patrimoine halieutique, le Royaume déploie des efforts colossaux pour assurer la transition vers l'économie bleue, qui constitue un atout d'avenir, a-t-il affirmé, appelant à mettre en place des solutions novatrices pour accélérer cette transition dans le cadre du nouveau modèle de développement. Il a aussi plaidé pour accorder plus d'importance à certaines activités liées à ce domaine, notamment le développement des activités de l'aquaculture, le transport de passagers, des marchandises pour la construction et la réparation navale, le développement du secteur du dessalement d'eau de mer, les énergies renouvelables… Quant au directeur de la Fondation Heinrich Boll, Bauke Baumane, cette visioconférence constitue une occasion idoine pour informer et sensibiliser le grand public autour des enjeux de l'économie bleue et mobiliser les décideurs pour protéger et développer les écosystèmes. Après avoir mis en relief les richesses dont dispose le Maroc en matière halieutique, il a souligné la nécessité de préserver ce trésor économique et culturel et d'intégrer l'économie bleue dans le nouveau modèle de développement pour une gestion optimale du milieu marin. La Fondation Heinrich Boll accorde une importance particulière à la question environnementale. Elle oeuvre en collaboration avec plusieurs associations de la société civile sur les questions portant notamment sur les énergies renouvelables, les changements climatiques, la gestion des déchets et la protection des ressources naturelles, a-t-il conclu. Cette visioconférence s'inscrit dans le cadre de la célébration de la journée mondiale des Océans et de la semaine bleue 2020 qui fait partie du programme annuel 2020-2030 de mobilisation visant à amplifier les actions de sensibilisation et les débats avec différents acteurs étatiques et non étatiques, et qui accompagnent les actions et projets de l'AESVT, Heinrich Böll et leurs partenaires associatifs, scientifiques et privés durant toute l'année, en vue de contribuer au développement durable de ce gisement économique d'une grande fragilité. Le Maroc qui a signé un certain nombre de traités au niveau mondial, tels que la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer de Montego Bay (UNCLOS), le Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA) relatif à la Convention sur la diversité biologique (CDB), le Protocole d'Aïchi, l'Agenda 2030, ou encore l'Accord de Paris, est en quête de valorisation de son capital maritime à travers la mise en place de nombreuses stratégies sectorielles. Aujourd'hui le défi réside dans une meilleure valorisation de ces richesses et les retombées économiques pour la population, lit-on dans une note de cadrage de la visioconférence.