Le CESE appelle à l'adoption d'une Stratégie Nationale de l'Economie Bleue durable et inclusive comme pilier du nouveau modèle de développement du Maroc. Les enjeux sont de taille qui permettront au pays de mieux tirer profit de ses richesses halieutiques. Malgré 3.500 Km de côté, deux façades maritimes, 2 millions de km2 de zone économique maritime exclusive, un patrimoine halieutique important et des ressources énergétiques fossiles et renouvelables importante, le Maroc ne tire pas suffisamment profit de tout ce potentiel. En raison, l'absence d'une stratégie globale et intégrée pour faire de ce secteur un véritable levier de croissance et de développement. Conscient du manque à gagner et des enjeux de ce secteur stratégique, le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) vient d'adopter à l'unanimité, en marge sa 93ème session ordinaire tenue le vendredi 21 décembre, le projet de rapport de l'autosaisine sur « L'économie bleue : pilier d'un nouveau modèle de développement du Maroc ». C'est le premier rapport adopté sous le mandant de Ahmed Réda Chami fraîchement nommé par SM le Roi à la tête du CESE. Un projet qui vient à point soit à un moment où le pays est en pleine réflexion pour l'adoption un nouveau modèle de développement. Un modèle qui devra intégrer toutes les valeurs qui permettront de résoudre l'équation de la croissance et de l'émergence du Maroc. Et sans doute, l'économie bleue doit constituer un pilier fondamental du ce modèle de développement comme le préconise le CESE. « La réflexion du CESE part de l'objectif d'identifier, de valoriser et de développer les potentialités de l'économie bleue afin d'en faire un pilier du modèle de développement du Maroc de demain. Durant les 20 dernières années, le Maroc s'est doté de stratégies sectorielles qui couvrent plusieurs activités liées directement ou indirectement au capital maritime et au milieu marin. Toutefois, une nouvelle vision s'impose afin de libérer les potentialités de création de richesses et d'emplois, de valoriser le potentiel des secteurs liés à l'économie bleue, tout en préservant les écosystèmes marins, selon une approche inclusive, durable et intégrée », lit-on dans un communique du Conseil à l'issue de sa session ordinaire. Le Conseil recommande l'adoption d'une Stratégie Nationale de l'Economie Bleue durable et inclusive, adaptée aux vocations régionales et déployée autour des secteurs économiques traditionnels, tels que la pêche, le tourisme et les activités portuaires, tout en développant de nouveaux secteurs porteurs de fort potentiels de croissance (aquaculture, écotourisme, bioproduits marins ou biotechnologies, construction navale, etc.). L'objectif étant de se fixer une vision en mesure de profiter rationnellement de cette richesse tout en garantissant son accès à toutes les catégories sociales. Inutile de rappeler, malgré ce fort potentiel, une grande frange de la population ne parvient pas à accéder à la ressource halieutique qui reste en dessus de son pouvoir d'achat. C'est pourquoi le CESE appelle à ce que les projets relatifs à la mise en œuvre de cette stratégie doivent être à la fois élaborés en concertation avec les citoyens et les acteurs concernés, tout en ayant pour premier objectif de favoriser l'accès aux services et aux ressources maritimes à toutes les catégories sociales. Pour garantir l'équité, le Conseil préconise de déléguer la gouvernance de cette stratégie à une commission interministérielle dédiée, auprès du Chef de Gouvernement, qui optimiserait la coordination entre les politiques sectorielles. Aussi dans le même ordre d'idées, le CESE recommande le développement d'une aquaculture écoresponsable, d'une offre de services portuaires en soutenant le développement du pavillon marocain et en encourageant le déploiement d'écosystèmes intégrés pour la construction et la réparation navale. Cela permettrait de garantir une meilleure valorisation des produits de la mer selon le Conseil. Il suggère également de réorienter progressivement le développement de l'offre touristique balnéaire, d'en réduire l'impact sur les écosystèmes environnementaux et de développer de manière forte l'écotourisme à travers les activités sportives, balnéaires, de découverte, tout en impliquant la communauté locale en amont. « Le Conseil appelle à investir dans la recherche et l'innovation autour des nouvelles filières liées à la valorisation des services de la mer, notamment en ce qui concerne le développement des biotechnologies marines et des énergies renouvelables ainsi que les activités de dessalement écologiquement responsable et l'exploration et l'exploitation minières et fossiles, domaines qui présentent des synergies à fort potentiel », précise le rapport du CESE. Ce dernier s'est également penché sur un point essentiel qui est la formation dans ce secteur soit sur la nécessité d'introduire les métiers de l'économie bleue dans l'éducation et la formation professionnelle, en créant davantage de cursus universitaires spécialisés dans les domaines maritimes, pour une main-d'œuvre bleue qualifiée et compétente.