Ce dimanche 20 août, le royaume célèbre le 64ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, en rappel du départ en exil de feu le roi Mohammed V et de la famille royale, à Madagascar. Revenons donc un peu sur cet événement, qui a constitué le point culminant de la confrontation entre les Marocains et le colonialisme, et un tournant décisif dans l'histoire du Maroc moderne. Un voyage forcé Le 20 août 1953, le sultan Mohammed Ben Youssef, destitué par le colonisateur français après son refus d'abdiquer, est obligé de monter à bord d'un avion militaire, accompagné du prince héritier et du reste de sa famille et sa suite. Après un vol de 7 heures, les passagers arrivent à la capitale de la Corse, Ajaccio. Arrivé sur l'île, Mohammed V est l'hôte du préfet une quinzaine de jours. Celui-ci, dérangé par ses invités, demande et obtient l'autorisation de les transférer dans l'arrière-pays corse. Ils seront logés dans l'hôtel du Mouflon d'Or, situé dans la commune de Zonza. Dans un environnement des plus inadéquats au confort d'un roi, le monarque et sa famille, prisonniers malgré tout, sont coupés du monde (et surtout du Maroc et de ses nationalistes). Transfert à Madagascar Après quelques temps, et à cause des températures de plus en plus basses, les exilés sont transférés à l'hôtel Napoléon Bonaparte dans la ville de l'île Rousse, avant de recevoir le comte Clauzel, émissaire des autorités françaises, qui informe le sultan de son prochain transfert à Madagascar. Aux yeux du colonisateur, la Corse restait "trop proche" du Maroc qui était en pleine ébullition. Arrivés à Antsirabé, Mohammed V et sa famille habitent un centre militaire, avant de s'établir à l'hôtel des Thermes, où ils mènent leur vie tant bien que mal. Les négociations avec les Français n'ont jamais été interrompues durant ces deux ans, et le sultan, et surtout son fils le prince Moulay Hassan, n'ont jamais rompu leurs liens et leurs relations avec les nationalistes, qui ne reconaissaient absolument pas le remplacement de leur sultan par Ben Arafa, devenu synonyme de félonie et de trahison dans la mémoire collective nationale. Le 6 novembre 1955, le sultan signe les accords de la Celle-Saint-Cloud avec le président du conseil des ministres français, Antoine Pinay, des accords qui prévoient son retour au pays tout en gardant son titre royal ainsi que l'indépendance du pays. Le peuple en mouvement Depuis l'exil du sultan, la résistance monte d'un cran. Assassinats ciblés, poses de bombes, soulèvements : tout est permis dans cette lutte contre le colon. L'Armée de libération voit également le jour, avec à sa tête Abdelkrim El Khatib, Bensaïd Aït Idder et d'autres figures révolutionnaires. En réponse à cette réaction plus ou moins "inattendue", la France use de tous les moyens possibles de répression : emprisonnements, torture et exécutions, mais en vain. Les négociations démarrent. Un retour royal Après des discussions avec la France qui ont duré plus de 21 mois - très violents d'ailleurs -, les nationalistes marocains, obtiennent le retour de leur roi au pays. Le voyage du retour est d'abord fixé au 28 octobre, puis est repoussé de deux jours, faute du mauvais temps. Le 30 octobre, la famille royale s'embarque pour sa terre natale où un peuple satisfait l'y accueille, marquant le début d'un nouveau chapitre de l'Histoire du Maroc .