Aujourd'hui, la France célèbre l'anniversaire de la libération de la Corse de l'occupation allemande. En 2013, le président François Hollande et le prince Moulay Rachid ont rendu hommage aux soldats marocains qui ont joué un rôle primordial dans cet événement. Mais la Corse à également marqué l'histoire du Maroc d'une autre façon, en étant pour quelques mois une terre d'exil du sultan Mohammed V. Le 18 juin 1945, des soldats marocains paradaient sur les Champs Elysées. Au niveau de la tribune officielle, ils saluèrent le général De Gaulle, en sa qualité de président du gouvernement provisoire de la république, et le sultan Mohammed V. Le lendemain, le souverain marocain sera même décoré de la Croix de libération. Parmi les goumiers qui ont défilé ce jour-là, figuraient sûrement des militaires ayant participé, un certain 4 octobre 1943, à la campagne de libération de l'ile de Beauté de l'occupation allemande. En ce jour de fête, personne parmi les hommes de troupes marocains n'auraient imaginé, un instant, que la terre qu'ils avaient contribué à libérer serait, 10 ans plus tard, le lieu d'exil de leur roi. En Corse, Mohammed V logeait chez «Napoléon Bonaparte» Nous sommes dans la nuit du 20 août 1953, des militaires français envahissent le palais de Rabat, contraignant la famille royale à monter à bord d'un car vers une destination inconnue. Le résident général, le général Augustin Guillaume, avait un plan : déposer Mohammed V et l'exiler en Corse, en représailles du refus catégorique du sultan d'abdiquer, comme exigé par le représentant de la France. Sur le trône, désormais vacant, il désignera Ben Arafa, avec la bénédiction du puissant pacha de Marrakech Glaoui et de quelques oulémas. Pendant six mois, le roi et sa famille furent donc les «invités» de l'hôtel Napoléon Bonaparte. Comme les goumiers marocains qui ont libéré la Corse, l'exilé de l'île de Sainte Hélène, fin tacticien, n'imaginait pas que son nom de famille sera porté, un jour, par une bâtisse devenue le lieu d'exil d'un roi. Le 5 février 1953, la France éloignera dans le plus grand secret, toute la famille royale vers une autre île : Madagascar. Dans l'ensemble, la manœuvre orchestrée par le général Guillaume a montré ses limites. L'intensification des actes de la résistance allait obliger Paris à revoir sa stratégie au Maroc. Des négociations furent alors menées avec Mohammed V. En septembre 1955, Paris dépêcha à Madagascar, le général Georges Catroux pour discuter avec le sultan une issue à la crise franco-marocaine. L'option du retour est pour la première fois envisagée. Paris lâchera Ben Arafa et le 6 novembre 1955. Mohammed V et le président du conseil des ministres français, Antoine Pinay, signeront ensuite les accords de La Celle Saint-Cloud, mettant fin au protectorat en vigueur depuis 1912. Dix jours plus tard, la parenthèse de l'exil est fermée permettant au sultan de retrouver le Maroc. De la période d'exil en Corse, Mohammed V en a gardé quelques bons souvenirs. En 1959, il effectua même un retour sur l'ile de Beauté mais cette fois en sa qualité de roi du Maroc indépendant.