Les Sénégalais devraient finalement se rendre aux urnes pour élire leur cinquième président fin mars après que le chef de l'Etat sortant Macky Sall a annoncé mercredi soir la date de l'élection présidentielle qui devait en principe avoir lieu le 25 février dernier. Toutefois, la confusion persiste sur la date exacte du scrutin, la présidence sénégalaise annonçant que le 1er tour aurait lieu le 24 mars, alors que le Conseil constitutionnel le fixant au 31 mars, soit deux jours avant la fin du mandat du président Macky Sall, le 2 avril. Un deuxième tour, probable en l'état actuel des candidatures, mais pour lequel aucune date n'a été communiquée, se tiendrait avant ou après le 2 avril. Cependant, une décision du Conseil constitutionnel publiée mercredi soir précise que, dans la mesure où le premier tour aurait lieu avant la fin du mandat, le président Macky Sall resterait à son poste jusqu'à l'installation de son successeur. Le Conseil a en outre décidé que seuls les 19 candidats déjà retenus, participeront à la présidentielle. Les sept Sages du Conseil constitutionnel ont rejeté le réexamen de la liste, préconisé au chef de l'Etat au terme du dialogue national tenu les 26 et 27 février dernier à Diamniadio, près de Dakar. Lire aussi : Sénégal: Macky Sall dissout le gouvernement et nomme Sidiki Kaba nouveau Premier ministre Sur cette liste figure notamment le candidat du parti Pastef dissous de Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye, détenu depuis avril 2023. Pour lui se pose la question d'une possible amnistie qui a été approuvée hier mercredi par les députés de l'Assemblée nationale. « La fixation de la date du scrutin au-delà de la durée du mandat du président de la République en exercice est contraire à la Constitution », ont décidé les 7 Sages de la haute juridiction du pays, qui a été saisi lundi par le chef de l'Etat Macky Sall. Le projet amnistie tous les délits ou crimes, jugés ou non, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 et « se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques ». A signaler qu'un Dialogue national organisé les 26 et 27 février à Diamniadio a proposé au président Macky Sall d'organiser l'élection présidentielle le 2 juin. Dans le rapport remis à Macky Sall, il est aussi demandé que les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel soient maintenus, avec la réserve d'un nouvel examen des candidatures pour régler la question des éventuels cas de double nationalité et les corrections nécessaires pour les parrainages des candidats qui se considèrent lésés par le système et qui se font appelés «spoliés» ou «recalés». Il est également prévu que ce dernier reste jusqu'à l'installation de son successeur. Le jour de la réception du document de 64 pages, le 4 mars, Macky Sall a décidé, conformément à ses engagements, de saisir le Conseil constitutionnel qui dans une décision rendue mercredi en début de soirée, a rejeté toutes les conclusions du Dialogue national. Au départ du processus électoral, 93 dossiers de candidature à la présidentielle ont été déposés auprès du Conseil constitutionnel qui n'en a validé que 21, le 12 janvier après un premier tri ayant tenu compte de la validité ou non des parrainages. Huit jours plus tard, le 20 janvier, les Sages ont publié une liste définitive de 20 candidats. Pour double nationalité, Karim Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) et fils de l'ancien président, Abdoulaye Wade, est recalé. Le Conseil a après retenu 19 candidats suite au retrait d'une concurrente. Le samedi 3 février, le président Sall a pris une décision sans précédent en abrogeant le décret convoquant le corps électoral au 25 février. Cette action a déclenché une série d'événements qui ont plongé le Sénégal dans une crise politique inédite. La tension entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel a atteint son paroxysme après que le PDS ait accusé deux juges constitutionnels de « corruption ». Le 31 janvier, les députés libéraux, soutenus par une partie de la majorité, ont réussi à mettre en place une commission d'enquête parlementaire. Le lundi 5 février, une séance plénière s'est tenue à l'Assemblée nationale pour discuter de la proposition de loi visant à reporter les élections. Après une journée mouvementée, la loi a été adoptée consistant à repousser le scrutin jusqu'au 15 décembre. Dans une décision rendue le 15 février, le Conseil constitutionnel a retoqué le décret du chef de l'Etat et a annulé le report du scrutin du 25 février. Le journal « l'Observateur » rapporte à cet effet qu'une décision du Conseil constitutionnel est "attendue aujourd'hui pour se conformer au 24 mars", la date fixée par le président Macky Sall pour la tenue de la présidentielle. "Le Conseil s'aligne sur le 24 mars [...]", relève de son côté « Bés Bi Le Jour ». Pour sa part, « Les Echos » note que les sénégalais se rendront aux urnes le 24 mars « en plein carême et en plein ramadan".