Le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994, perd en popularité et n'obtiendrait que 39 % des voix si les élections avaient lieu demain, révèle un nouveau sondage d'opinion publié lundi. L'Afrique du Sud s'apprête à organiser d'ici août de cette année des élections générales décisives, sur fond d'incertitudes concernant le maintien de l'ANC au pouvoir. Le plus grand sondage jamais réalisé sur l'opinion des électeurs montre que les Sud-africains recherchent de nouvelles options au statu quo actuel, marqué par une crise économique, un taux de chômage record avoisinant 33%, une criminalité rampante et des délestages électriques récurrents qui plonge tout le pays dans le noir des heures durant. L'emploi figure de loin en tête des priorités des électeurs, suivi par le coût de la vie, la criminalité, la pauvreté et le délestage. Lire aussi : La corruption en Afrique du Sud a atteint des niveaux «alarmants» La nouvelle enquête, qui a interrogé 9 000 personnes, révèle l'intérêt des électeurs pour la Charte multipartite, un accord entre 11 partis politiques visant à former une coalition après les élections de 2024. Elle montre que 38 % des personnes interrogées comptent voter pour la Charte et que cinq des neuf provinces sud-africaines pourraient être dirigées par des gouvernements de coalition après les élections. Les cinq provinces sont le Gauteng, qui comprend la capitale Pretoria et Johannesburg, le KwaZulu-Natal, l'Etat libre, le Cap-Occidental et le Cap-Nord. Selon la même source, 80% des personnes interrogées ont déclaré vouloir voter, mais beaucoup ne sont pas encore inscrites. Seulement 27 millions de personnes sur un bassin de vote potentiel de 43 millions s'étaient inscrites. «Les gens ont désespérément besoin de changement, mais aucun parti ne mobilise leur imagination», relèvent les initiateurs du sondage, notant que cela suggère un résultat qui fracture plutôt que consolide le paysage politique à moins que la Charte multipartite ne parvienne à captiver l'imagination des électeurs. En réaction à cette nouvelle enquête, le porte-parole de l'ANC, Mahlengi Bhengu-Motsiri, a déclaré : « En général, le parti ne commente pas les différents sondages, même s'ils sont pris en compte et éclairent dans une certaine mesure notre stratégie« . Et d'ajouter que «l'ANC s'attend à une victoire décisive lors des élections nationales et provinciales de cette année».