L'ANC, 90 ans après. L'exemplarité d'un mouvement né dans la diversité, le combat contre l'un des régimes politiques les plus iniques sur la planète et qui a suréaliser sa mutation et assumer les combats de la paix. Le «destin commun» qui unit tous les Sud-africains, «noirs et blancs», a été mis en exergue par Thabo Mbeki, lors de la célébration, dimanche, du 90e anniversaire de la création de l'ANC au pouvoir. «L'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, noirs et blancs», a lancé Thabo Mbeki, le président sud-africain et président de l'ANC (Congrès National Africain), devant plusieurs milliers de militants et de personnalités réunis dans le Stade Absa de Durban. Poursuivant son vibrant appel à l'unité du pays, il a affirmé : «que cela plaise ou non, nous partageons un destin commun, en dépit de la diversité de nos couleurs, de nos cultures et de nos langages». Et de poursuivre que «notre peuple, noirs et blancs, est héroïque et discipliné. Notre peuple, noirs et blancs, aime sa patrie et n'a pas d'autre pays. Ensemble, ils sont africains». Fondé le 8 janvier 1912, le Congrès National Africain (ANC) a accédé au pouvoir lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud après une longue lutte contre l'apartheid. Parmi les événements marquants de l'année 2001, Mbeki a souligné la mise en place dans la province du Cap d'un gouvernement de coalition entre l'ANC et le Nouveau Parti National (NNP), le parti qui était au pouvoir sous le régime de l'apartheid. «Cela a créé la possibilité pour ces organisations politiques (...) d'affronter ensemble deux défis auxquels doit fait face le pays dans cette région, l'un est la question du racisme et l'autre, celle de la pauvreté». Evoquant les difficultés économiques, notamment la dévaluation du rand (la monnaie locale), Mbeki a également souligné que malgré la fin de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de l'ANC en 1994, le pays avait encore à «surmonter les énormes disparités raciales, géographiques et de sexe qui continuent d'exister dans la distribution de la richesse, des revenus et des chances». Pour cela, il faudra continuer à se concentrer sur les politiques favorisant la promotion des noirs : le «black empowerment», consistant à favoriser l'émergence des capitaux noirs dans l'économie et l'«affirmative action», visant à encourager l'embauche des Noirs dans les entreprises et les administrations. Il a souligné que l'Afrique du Sud devait se fixer dans les dix ans à venir, d'ici le 100e anniversaire de l'ANC en 2012, l'objectif «d'avancer de manière décisive pour éradiquer l'héritage du racisme, du sexisme, du colonialisme et de l'apartheid». Et d'ajouter que l'ANC allait marquer son 90e anniversaire en lançant cette année un programme de volontariat pour aider la population dans des domaines qui vont de l'éducation à l'environnement, en passant par les droits de l'Homme et l'émancipation des femmes. L'ANC avait été fondé deux ans avant la création de l'ex-parti National Afrikaner de la minorité blanche, fondateur de l'Apartheid. Ironie du sort -ou signe des temps, l'ex-parti de l'apartheid et, jusque-là, membre d'une alliance de l'opposition a conclu, il y a trois mois, une alliance avec l'ANC. Un geste interprété par les observateurs comme un engagement commun à faire de l'Afrique du Sud un pays uni, démocratique, non-racial, non-sexiste et prospère. L'ANC, qui dispose d'une majorité au Parlement et dans la plupart des neuf gouvernements provinciaux, est au pouvoir à la tête d'une coalition comprenant le puissant syndicat d'Afrique du Sud (COSATU) et le parti communiste.