L'initiative céréalière de la mer Noire, un ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie et conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022, a été reconduite la semaine dernière à l'issue d'intenses négociations. Bien qu'elles aient permis d'étendre, le 17 mai dernier, l'accord pour une durée supplémentaire de soixante jours, les négociations entre les quatre signataires, à savoir la Russie, l'Ukraine, l'ONU et la Turquie, n'ont pas avancé concernant plusieurs points d'achoppement, qui demeurent toujours d'actualité, selon Moscou. Confirmant l'extension de l'accord jusqu'au 17 juillet, la diplomatie russe a, en effet, pointé une mise en œuvre »déséquilibrée » ainsi que »l'absence de progrès concrets » concernant le mémorandum conclu entre la Russie et l'ONU dans le cadre de l'initiative. Vu de Russie, l'accord a été reconduit de deux mois supplémentaires sans aucun changement, « en réponse aux appels, principalement des partenaires turcs en tant que partie à l'accord ». « Nos évaluations fondamentales de la mise en œuvre des accords d'Istanbul restent les mêmes – jusqu'à présent, seule l'Initiative de la mer Noire est mise en œuvre. (…) Il n'y a pas de progrès concrets sur le mémorandum Russie-ONU », a affirmé la diplomatie russe dans un communiqué, publié au lendemain de la reconduite de l'initiative. L'autre point d'achoppement réside dans « la composante humanitaire déclarée de l'accord », en ce sens qu' »une bonne partie des céréales exportées par le corridor maritime va principalement vers les pays à revenu élevé et au-dessus de la moyenne ». Lire aussi : L'Initiative céréalière de la mer Noire reconduite pour deux mois « Les pays dans le besoin reçoivent peu : 722.000 tonnes (ou 2,5%) du total de 30 millions de tonnes exportées des ports ukrainiens en 9 mois », a fait remarquer le ministère, notant qu'en parallèle, l'approvisionnement en produits russes, voire les dons d'engrais aux pays les plus pauvres, « continue de faire face au blocage des sanctions ». La partie russe a également fait le constat d'une »absence de progrès » concernant la reprise des livraisons d'ammoniac, comme le prévoient les deux documents d'Istanbul. « En particulier, en ce qui concerne le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa, auquel le secrétaire général de l'ONU a consacré sa visite à Kiev le 8 mars, ainsi qu'une initiative distincte qui restent, comme le mémorandum Russie-ONU, sur le papier ». A ces points d'achoppement s'ajoutent cinq exigences formulées en avril dernier par la Russie et qui, selon elle, n'ont pas été réalisées. Il s'agit de la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank au système bancaire international SWIFT, de la reprise de l'approvisionnement en machines agricoles, pièces de rechange et service de maintenance et de l'annulation des entraves en matière d'assurance des navires et d'accès aux ports étrangers. Ces exigences portent aussi sur la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa et le dégel des actifs de sociétés russes liées au secteur agricole situés à l'étranger. « Si ces conditions ne sont pas remplies, la prorogation de l'initiative de la mer Noire est en principe hors de question, et l'accord lui-même sera résilié après le 17 juillet », à en croire Moscou. Face à ces différents défis, l'avenir de l'initiative céréalière en mer Noire semble toujours incertain, comme ce fut le cas avant chaque extension de l'accord en novembre, mars et mai. L'initiative céréalière sera-t-elle étendue au-delà de son premier anniversaire le 22 juillet 2023 ? Les deux mois à venir devront offrir une fenêtre d'opportunité pour un nouveau round de négociations. La reconduction, mercredi dernier, de l'initiative céréalière en mer Noire ayant remis les compteurs à zéro. Avec MAP