L'intersyndicale, réunissant les huit principaux syndicats de la France, descend ce lundi dans la rue pour célébrer la fête du travail sous le signe de l'unité face à la réforme controversée des retraites. Les syndicats avaient appelé, au lendemain de la promulgation de la réforme des retraites par le président Emmanuel Macron après que le Conseil constitutionnel ait validé l'essentiel du texte, à faire du 1er mai une journée "historique", de mobilisation « exceptionnelle et populaire » contre la réforme des retraites et pour la justice sociale, exhortant les travailleurs et les Français à battre le pavé, en masse partout dans le pays, pour signifier leur mécontentement et leur colère face à cette réforme considérée comme "injuste". Jusqu'à 1,5 million de manifestants sont attendus dans les rues par les centrales syndicales, qui entendent montrer qu'ils ne lâchent rien dans leur combat contre la très décriée réforme, qui, entre autres, porte l'âge de départ à la retraite à 64 ans au lieu de 62. De leur côté, les autorités prévoient entre 500.000 à 650.000 personnes de manifestants dans la rue, dont 80.000 à 100.000 à Paris. « Je pense que demain on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq », a estimé dimanche le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, qui a précisé que « 300 points de rassemblement » sont prévus partout dans l'hexagone. « Cette fête des travailleurs se déroule dans l'unité syndicale et rien que ça, c'est historique », a souligné, de son côté, le secrétaire général de Forces Ouvrières (FO), Frédéric Souillot. Pour sa part, la secrétaire générale de la Confédération générale du Travail (CGT), Sophie Binet, a appelé "fermement les préfets et le gouvernement à ne pas recourir à la force (…) et à ne pas faire de provocation », et s'est alarmée du durcissement de la politique du maintien de l'ordre face à la contestation contre la réforme des retraites. « Je suis d'autant plus inquiète quand je constate qu'il y a des drones qui sont annoncés pour la sécurisation des cortèges du 1er-mai. On est sur une pente dangereuse », a-t-elle dit sur France 3. Ce recours aux drones par les autorités a été dénoncé par les syndicats ainsi que des figures politiques du pays. Si dans plusieurs villes, les manifestations commencent dans la matinée, à Paris, le cortège des manifestants s'élancera à 14h30 de la place de la République vers la Nation, avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier. Dans le cadre de la mobilisation syndicale, le trafic aérien s'annonce très perturbé avec 25 à 33% de vols annulés dans les plus grands aéroports français. La direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé aussi aux compagnies aériennes de renoncer à 33% de leur programme de vols à Paris-Orly le mardi 2 mai, en raison d'un mouvement de grève des contrôleurs aériens à l'appel des syndicats. Depuis le début du mouvement de contestation contre ladite réforme en janvier, des centaines de milliers de Français ont défilé sur plusieurs semaines dans des manifestations, parfois émaillées de heurts et de violences policières, lesquelles sont dénoncées notamment par des ONG de défense des droits humains. Ainsi, ce 1er-Mai fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, depuis la première grande mobilisation du 19 janvier. Dans ce sillage, deux autres dates sont attendues par les syndicats, à savoir le 3 mai, lorsque le Conseil constitutionnel va se prononcer sur une deuxième demande de référendum d'initiative partagée (RIP) et le 8 juin, lorsqu'une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l'Assemblée nationale.