Le président du Front de salut national de l'opposition, Ahmed Nejib Chebbi, a déclaré lundi que « la machine répressive est toujours en marche en Tunisie ». C'est ce qui ressort d'une conférence de presse tenue par le Front de salut national dans la capitale, Tunis, autour de la dernière vague d'arrestations. « Nous vivons une vaste campagne de répression qui a touché tous les milieux, et il y a eu jusqu'à présent 44 arrestations pour des raisons politiques, dont 3 sont des dirigeants du Front de salut national, à savoir Jawhar Ben Mbarak, Chaima Issa et Ridha Belhaj », a-t-il lancé. « Nous l'avons prévu (les arrestations) avant même les élections, et nous l'avons annoncé depuis le mois de mai, car ce pouvoir unilatéral ne fait que taire la voix des opposants et celle de chaque âme libre dans ce pays », a-t-il ajouté. »Après l'échec de la visite du chef de l'Etat aux Etats-Unis d'Amérique, puis la décision du Fonds monétaire international de reporter l'examen du dossier du prêt tunisien, ensuite l'exacerbation de la crise sociale et économique, une tentative de distraire le peuple tunisien de ses souffrances quotidiennes a été suivie à travers le recours à des arrestations massives, sous prétexte que les personnes interpellées sont responsables de la dégradation de la situation », a souligné Chebbi. Aucun commentaire officiel n'a encore été émis par les autorités tunisiennes à ce sujet. Il y a eu, récemment, plusieurs arrestations à l'encontre de dirigeants de partis, de juges, d'homme d'affaires et d'activistes. À maintes reprises le président tunisien Kaïs Saïed a exprimé son attachement à la liberté de la presse et d'expression, conditionnant cela au préalable de la »liberté de pensée » qui préserverait l'Etat et ses institutions. La Tunisie connaît une grave crise économique, exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus, et le coût élevé de l'importation d'énergie et de matières premières, suite à la crise russo-ukrainienne. Le pays traverse également une crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Kaïs Saïed a imposé des mesures d'exception. Des partis politiques tunisiens considèrent les mesures d'exception de Saïed comme étant un »coup d'Etat contre la Constitution de 2014 et une consécration du pouvoir autocratique », tandis que d'autres formations politiques estiment qu'il s'agit d'une »restauration » du processus de la révolution de 2011 qui avait fait chuter le pouvoir de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat »d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.