Composée de cinq partis politiques, dont Ennahda, et de cinq associations, cette coalition veut lancer un dialogue sur les réformes destinées à « sauver le pays ». Un ancien opposant sous la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali a annoncé, mardi 26 avril, la création d'un front regroupant plusieurs partis pour « sauver » la Tunisie de sa profonde crise après le coup de force du président Kaïs Saïed. Figure politique de gauche, Ahmed Néjib Chebbi, 78 ans, s'oppose à ce qu'il décrit comme un « coup d'Etat » du président Saïed, qui accapare les pouvoirs depuis le 25 juillet. Lors d'une conférence de presse à Tunis, ce vétéran de la scène politique a annoncé la création du « Front de salut national », avec l'objectif d'unir toutes les forces politiques, afin de rétablir le processus démocratique et constitutionnel garantissant les libertés et les droits dans le pays. « Nous voulons le retour à la légitimité et à la démocratie », a-t-il dit. La priorité de ce front est de sauver une économie « en profonde récession » en raison d'une situation politique « pourrie » qui repousse les investisseurs, a ajouté M. Chebbi. Composée de cinq partis politiques, parmi lesquels le mouvement d'inspiration islamiste Ennahda, bête noire de M. Saïed, et de cinq associations, cette coalition ambitionne d'attirer d'autres formations politiques et des personnalités « influentes » avant de lancer un dialogue national sur des réformes destinées à « sauver le pays », selon M. Chebbi. Il a préconisé la mise en place d'un « gouvernement de salut » pour diriger la Tunisie pendant une « période de transition » jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Pleins pouvoirs Après des mois de blocage politique, M. Saïed, élu fin 2019, s'est arrogé les pleins pouvoirs, fin juillet, en limogeant le premier ministre et en suspendant le Parlement, avant de le dissoudre en mars. En février, le président tunisien avait dissous le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour le remplacer par un organe de supervision judiciaire « temporaire » dont il a nommé les membres. Le 22 avril, il s'est arrogé le droit de nommer le chef de l'Autorité électorale à quelques mois d'un référendum et d'un scrutin législatif que cette instance doit superviser. Ses détracteurs l'accusent d'instaurer une nouvelle autocratie dans le pays, seul rescapé du « printemps arabe », dont il fut le berceau en 2011. Outre l'impasse politique, la Tunisie se débat dans une profonde crise socio-économique et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un nouveau prêt.