Retenez bien ce nom : Fatimetou Mint Abdel Malick est la première personnalité mauritanienne à diriger une organisation qui regroupe 16 000 rassemblements locaux. Fatimetou Mint Abdel Malick , présidente du Conseil de la région de Nouakchott , la première région de Mauritanie qui représente le tiers de la population totale du pays, vient d'être élue la semaine dernière, Présidente de l'Organisation des Cités et gouvernements locaux en Afrique (CGLU Afrique) au 9ème Sommet mondial d'Africités qui a eu lieu du 17 au 21 mai à Kisumu, au Kenya et dont le siège est à Rabat . Plus de 5000 congressistes africains et internationaux, maires, présidents de régions, de villes et Collectivités territoriales, élus locaux, ministres et représentants des administrations centrales y étaient présents et ont planché 4 jours durant sur le thème des villes intermédiaires. Dans un entretien à Maroc Diplomatique, le SG avait défini Africités comme étant « la rencontre et la réunion de tous les acteurs pertinents de la transformation de nos sociétés autour des collectivités territoriales qui sont le niveau de puissance publique le plus proche des populations. Si l'on veut améliorer les conditions de vie de celles-ci, il faut s'appuyer sur la dynamique des Collectivités locales. Cette approche qui part de la base pour contribuer à la dynamique d'intégration et d'unité de l'Afrique est au cœur des objectifs de l'agenda 2063 de l'Afrique. » Le message est entendu par Madame Fatimetou Mint AbdelMalick , une femme de passion et de conviction qui a consacré sa carrière au service des Collectivités locales. Elle a passé en effet de 2001 à 20018 , 17 années en tant que maire de la commune de Tevragh Zeïna. A travers ses combats, elle a constitué un moteur dans l'évolution des femmes dans la société mauritanienne qui, comme toutes les sociétés de l'Afrique du Nord se cherchent entre modernité et traditions ancestrales à la fois. Si les femmes représentent en Mauritanie un quart des députés de l'Assemblée nationale, il reste, qu'elles ne représentent qu'une minorité à l'université. Pour sa part Fatimetou a poursuivi ses études en informatique en Belgique et dès son retour à Nouakchott, elle a crée une société de prestation informatique.. Selon son curriculum vitae , elle devient ensuite administrateur de réseaux pour la Banque de l'Habitat avant de commencer sa carrière politique. Sa première mission a lieu au ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat où elle sera nommée au poste de Secrétaire générale, puis elle est chargée de mission au Cabinet du premier ministre avant d'être élue au Conseil municipal , puis présidente d'un conseil régional de Nouakchott . Deux décennies durant au service des collectivités locales lui permettent d'engranger une formidable connaissance du terrain et de l'importance des Collectivités locales. « Je voudrais souligne, déclare-t-elle, « que le développement à la base ne peut pas se faire sans l'implication des élus locaux : les relations de proximité qui nous lient aux populations, à la connaissance du terrain, à leurs défis, nous placent dans une constante réflexion pour innover et apporter des solutions à leurs problèmes de développement global qui va de la culture au social … C'est d'ailleurs notre raison d'être » ... Et d'ajouter : Proximité, empathie, sensibilité aux problèmes de précarité, les femmes sont appelées a s'intéresser à la gestion locale. En tant que pionnière, elle montre le chemin et appuie leurs candidatures en traversant le pays en caravane pour encourager la gent féminine. «Il est toujours difficile pour une femme d'être maire ou d'occuper un poste quelconque au niveau des instances de décision, ceci compte tenu des mécanismes qui existent et qui ne sont pas nécessairement égalitaires. Mais je fais partie de celles qui considèrent que le niveau local doit être occupé par des femmes, compte tenu de l'élasticité qu'elles ont dans les relations avec leurs concitoyens et leur capacité d'écoute » Le résultat est encourageant, en 2015, cinq autres femmes ont pu être élues maires, la dynamique est lancée envers et contre tous les conservatismes. Au Maroc, Mme Fatimetou Mint Abdel Malik est connue dans les organisations féminines. Elle a, en effet , activement participé en 2011 à Tanger à la création du Réseau des Femmes Elues Locales d'Afrique (REFELA), qui est la commission permanente de l'égalité de genres de CGLU Afrique. Elle a assuré la présidence du réseau de 2012 à 2015. Son magistère fut marqué par la représentation du REFELA sur la scène continentale et internationale. De 2015 à 2019, elle fut vice-présidente du REFELA pour la région Afrique du Nord. A la tète de La nouvelle équipe dirigeante de CGLU Afrique élue pour 3 ans, son mandat de présidente de CGLU Afrique devrait durer jusqu'à la prochaine Assemblée générale prévue en 2025. Fatimetou Mint Abdel Malick connait les difficultés de sa mission et table sur l'intelligence et les actions collectives : « Le mandat qui débute sera le mandat de tous les défis, que nous ne pourrons relever qu'ensemble et chacun séparément dans son segment. Pour ma part, je m'efforcerai de porter notre voix aussi loin et le plus efficacement possible et à contribuer à faire de notre organisation un acteur incontournable à l'échelle du continent mais aussi sur le plan international", a-t-elle déclaré. Ce faisant, c'est la voix de toutes les femmes africaines qu'elle porte, ces femmes qui étaient à l'honneur lors de la journée femme à Africités 9 avec un objectif : renforcer et améliorer l'autonomisation économique du genre, son environnement pour en faire des actrices du développement économique et durable des territoires.