La proposition d'autonomie, présentée en 2007 par le Maroc pour régler le problème du Sahara, "doit être considérée comme un point de départ crédible pour la négociation", écrit jeudi Jean-Baptiste Buffet, chercheur associé au think-tank européen "Institut Thomas More". Dans une tribune publiée au quotidien français +Le Figaro+, M. Buffet, coauteur d'un rapport sur la sécurité durable au Maghreb, publié récemment, affirme que "dans l'intérêt de tous, le noeud du conflit du Sahara, source de tant de blocages et d'impasses, devra être dénoué". Plaidant "pour un engagement de l'Europe au Maghreb", l'expert français souligne que dans la zone sahélo-maghrébine, "les risques de déstabilisation liés au terrorisme, au développement de la criminalité et aux conséquences du conflit du Sahara sont ressentis comme de réelles menaces aux portes de l'Europe". "Alors que le Sahel s'apparente de plus en plus à une zone grise et concentre des risques pour la sécurité tant des Maghrébins que des Européens, travaillons sans relâche à renforcer les coopérations existantes et agissons en amont sur les causes socio-économiques de l'insécurité avant tout", plaide ce chercheur spécialisé dans les questions euro-méditerranéennes. Outre l'aspect sécuritaire, l'expert français dégage deux autres exigences pour assurer la stabilité et la prospérité du Maghreb qui est, d'ailleurs celle de l'Europe, à savoir les intérêts économiques et les enjeux migratoires déterminants. Abordant le volet économique, l'auteur déplore que la politique de voisinage de l'UE a été "trop longtemps tournée vers l'Est", alors qu'"une part de l'avenir de l'Europe se joue au Maghreb (...) de par sa position de pont, de noeud et de carrefour stratégique, la richesse de son sous-sol et l'importance de son marché". "L'UE doit d'abord s'efforcer à contribuer au développement économique du Maghreb dans son ensemble, en soutenant en particulier l'intégration régionale, cette longue marche stoppée depuis plus de quinze années", souligne-t-il, précisant que les domaines de coopération euromaghrébine ne manquent pas et ne demandent qu'à être renforcés. Concernant les enjeux migratoires, l'expert français estime que l'Europe reste encore "trop frileuse" face à ces questions, précisant qu'"une approche +défensive+ et focalisée sur le contrôle aux frontières nord du Maghreb, ne peut suffire". Il convient, selon lui, d'"intégrer dans la stratégie une dimension géographique élargie à l'ensemble de la zone sahélo-maghrébine". "L'espace Schengen ne s'arrête pas à Tarifa, mais commence aujourd'hui à Nouakchott", a-t-il estimé.