.La petite communauté musulmane de Mexico vit le mois sacré de Ramadan au rythme de la spiritualité, le recueillement et la convivialité, à travers notamment un ftour collectif quotidien dans une petite mosquée à l'ouest de la capitale, suivi du rituel des Tarawih. Par Rachid Mamouni Vivant dans une mégapole de plus de 24 millions d'habitants, les musulmans de Mexico paraissent une communauté infinitésimale, originaire majoritairement du Pakistan, en plus de quelques marocains, algériens, syriens et égyptiens entre autres. Le mois de Ramadan est une occasion pour eux de se retrouver dans une ambiance de recueillement et de renouer avec les traditions de partage et de communion propres à ce mois sacré. Le ftour collectif est généralement organisé en coordination avec les ambassades de quelques pays islamiques ou des bienfaiteurs pour offrir, à tour de rôle, le repas de rupture du jeûne pour une cinquantaine de fidèles, hommes et femmes, en plus de quelques indigents mexicains non musulmans. Peu avant le coucher du soleil, les fidèles affluent des différents quartiers de la capitale pour partager le ftour avec des coreligionnaires venus de plusieurs pays et assister aux Tarawih. Au moment des repas, la petite mosquée de deux étages se transforme en tour de Babel où on écoute, pêle-mêle, pakistanais, hindou et des dialectes arabes sous différentes variantes, ainsi que l'inévitable espagnol qui, finalement, permet à tout ce beau monde de communiquer plus facilement. Les pakistanais, sans doute majoritaires, sont facilement reconnaissables à leurs habits typiques en deux pièces, chemise longue et pantalon large. Quelques marocains portent la Djellaba et l'indispensable Tarbouch rouge ou une Daraya ramenée du pays. Il n'est pas rare de voir un fidèle portant un habit traditionnel saoudien accompagné du Ikal sur le couvre-chef ou encore un costume coloré d'Afrique de l'ouest. Les repas se suivent et ne se ressemblent pas. Chaque nationalité fait découvrir aux autres la richesse de ses mets et ses traditions culinaires au mois de Ramadan. Le ftour est généralement accompagné d'explications sur les ingrédients nécessaires à la préparation des plats du jour. Certains fidèles arrivent avec femme et enfants pour partager le repas de la rupture du jeûne et accomplir le rituel des Tarawih dans une atmosphère de recueillement et de grande spiritualité. Maher, d'origine syrienne, semble être la cheville ouvrière de toute la logistique pour donner à manger à plus de 50 personnes par jour. Il fait montre d'une grande disponibilité et se dit satisfait de pouvoir aider à ce que les fidèles se sentent chez eux au moment du ftour. Mustapha, lui, est marocain. En tant que célibataire, la réunion avec les fidèles dans la petite mosquée au moment du ftour lui permet de vivre la chaleur familiale typiquement ramadanesque qu'il n'a pas vécue depuis qu'il a quitté le Maroc, il y a environ 15 ans. Pour Nichat, la réunion des fidèle au tour du ftour est "une joie immense'' qui lui rappelle l'atmosphère du mois sacré dans son Pakistan natal. Plus qu'un moment de repas, le ftour collectif dans la petite de mosquée de Mexico est un bon prétexte pour les fidèles musulmans de renouer le contact les uns avec les autres dans une métropole où chercher et trouver un ami ou une vieille connaissance ressemble à chercher une aiguille dans une botte de foin, plaisante Hassan.