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Etat d'avancement de la campagne agricole dans un contexte de manque de précipitations Le bour défavorable compromet la production céréalière
Production estimée à quelque 40 à 50 millions de qx
Il fut un temps où en pareille période, les papiers fusent de toutes parts pour rendre compte de l'état d'avancement de la campagne agricole et son impact sur la formation du PIB. Aujourd'hui, la tendance est autre, et l'on a l'impression, pour ne pas dire la conviction, que la plupart de nos confrères délaissent le monde rural ou, dans le meilleur des cas, « se barricadent » derrière les chiffres du premier pilier du Plan Maroc Vert pour rendre compte d'une réalité qui, sur le terrain, au fin fond du terroir, est toute autre. Une réalité qui interpelle davantage de solidarité vis-à-vis d'un monde rural livré aux aléas climatiques dans les zones reculées, dans le bour défavorable surtout. Aujourd'hui, dans de nombreuses régions, les petits fellahs, faute de pluviométrie et au vu de l'état végétatif des parcours, se trouvent acculés de se tourner vers les souks pour brader leur bétail. C'est le cas de la Chaouia ; c'est le cas aussi de Tit Mellil, nous confie un fin connaisseur du marché de la viande rouge. Les temps étant ce qu'ils sont, c'est le seul moyen pour ces fellahs de se procurer un peu de trésorerie. Les yeux rivés vers le ciel qu'ils espèrent clément, craignent que la situation ne s'aggrave davantage dans les jours à venir. On l'a dit, on le redit une fois de plus : le bon déroulement de l'actuelle campagne agricole, tel qu'enclenché lors de la période de démarrage, est en train d'être sérieusement compromis. L'enthousiasme porté par les pluies de novembre s'estompe et cède la place au doute. Un doute qui devient de plus en plus certain. Beaucoup de gens, que ce soit dans les souks, les cafés ou les banlieues, s'accordent à dire, qu'à défaut de précipitations dans les jours à venir, c'est toute la production céréalière qui risque d'être compromise. Et que, encore tributaire des conditions climatiques, le monde rural risque d'en pâtir que ce soit en termes de spéculations ou en termes d'activité de l'élevage. Sans oublier, bien entendu, le manque d'opportunité de travail pour la main d'ouvre agricole rurale. Ce qui à son tour se reflétera au niveau des villes en termes de cherté de certaines denrées alimentaires ou en termes de quête d'opportunité de travail. Déjà, les données climatiques arrêtées au 10 mars ne poussent guère à l'optimisme et font ressortir une nette baisse du cumul pluviométrique de l'ordre de 15,1% par rapport à la campagne précédente. Le même constat est à relever au niveau des barrages dont la situation des réserves en eaux retenues fait état d'un taux en deçà de celui observé une année auparavant. Parallèlement, et par région, les données jusqu'ici disponibles évoquent un cumul pluviométrique inférieur à celui de la dernière campagne pour l'ensemble des régions. Idem pour l'état de la végétation. Les données jusqu'ici disponibles indiquent une situation du couvert végétal en repli de 12,2% par rapport à la campagne précédente et de 10,4% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Bien plus, au niveau régional, quatorze régions sur 18 ont affiché un indice de végétation inférieur à celui de la dernière campagne. Ceci étant, il va sans dire que l'hypothèse afférente à la production céréalière au titre de la campagne agricole 2018-2019 retenue au titre de l'actuelle loi de finances sera révisée à la baisse. Chose qui vient d'être faite par la Banque Centrale qui ne retient plus qu'une production céréalière de l'ordre de 60 millions de quintaux. Ce qui à son tour, toute chose égale par ailleurs, ramènerait le taux de croissance prévisionnel, au titre de cette année, en deçà des 3 %. Partant de ce genre de considérations, L'OPINION a pris contact avec M. Abdelmoumen Guennouni en sa qualité d'ingénieur agronome pour recueillir son avis sur l'état d'avancement de l'actuelle campagne agricole. Pour cet habitué du Salon international de l'agriculture au Maroc, il n'y a plus l'ombre du moindre doute : dans certaines régions du Royaume, la campagne céréalière est complètement compromise notamment au niveau de la Chaouia, Settat et Abda. Et ce, contrairement au Nord qui a été, jusqu'ici, relativement bien arrosé et dont la situation au niveau de la plaine de Saiss, Kénitra et Larache est relativement bien meilleure. Idem pour le Gharb où les fellahs font appel à l'eau d'irrigation pour sauver leurs spéculations. Grosso modo, pour M. Guennouni, au niveau du Nord, du Saiss et du Gharb, la situation est plutôt bonne alors que dans le Nord de la Chaouia, la situation est globalement moyenne et, finalement, le devenir de l'actuelle campagne agricole dans ces régions dépendra dans les jours à venir du niveau des précipitations, si précipitations il y a et aussi des travaux menés par les agriculteurs pour le traitement de leurs champs, que ce soit en termes de désherbage ou en termes d'apport d'engrais de couverture. Sachant bien évidemment que ceux qui ont procédé à des semis précoces vont mieux profiter, en termes de germination, des précipitations de janvier que ceux qui n'ont travaillé le sol que bien après. En somme, conclut M Guennouni, toute chose égale par ailleurs, il va sans dire que nous allons tendre vers une campagne céréalière qui n'excède guère dans le meilleur des cas à 40, voire 50 millions de qx. La même tendance est à observer au niveau de certaines légumineuses dont le sort est fonction du niveau et de la qualité des précipitations des mois d'avril et de mai. N.BATIJE